Fr. Varillon : Une peur de Dieu qui aboutit à l’athéisme

Ce qui joue trop souvent à l’égard de Dieu, c’est l’intérêt et la peur.

L’histoire des religions montre que la mentalité et les pratiques magiques ont foisonné dans l’histoire et foisonnent encore de nos jours, même en milieu chrétien, en dépit de la bienséance ecclésiale du vocabulaire.

Il ne faut pas être dupe des mots. Ce qui joue trop souvent à l’égard de Dieu, c’est l’intérêt et la peur. C’est l’intérêt qui commande qu’on cherche à utiliser la toute-puissance à son bénéfice ; et c’est la peur qui exige qu’on trouve les moyens de se préserver du danger qu’elle recèle.

Tout cela n’a rien à voir avec la foi. C’est de la magie. Si l’on pouvait psychanalyser ce qu’il y a dans l’esprit d’un certain nombre de chrétiens mal éduqués, on s’apercevrait qu’ils se disent tout bas :
« Qu’est-ce que Dieu mijote là-haut dans son ciel ? Qu’est-ce qu’il me prépare ? Du bonheur ou du malheur ? De la santé ou de la maladie ? Du succès ou de l’échec ? Par intérêt et par peur, je vais donc le prier de ne rien mijoter de désagréable pour moi. »

Jusqu’au jour où la tentation surgit d’exorciser radicalement la menace en disant tout simplement : il n’y a pas de Dieu tout-puissant. C’est alors l’athéisme qui apparaît à la conscience adulte comme l’attitude la plus rationnelle.

Ce qui n’est pas absolument faux. Seulement n’oublions pas le mot de Pascal :
« Athéisme, marque de force d’esprit, mais jusqu’à un certain degré seulement. »

Car, sous le ciel devenu désert, vidé d’un tout-puissant suprême, d’autres puissances prennent naissance et prolifèrent, des puissances qu’on ne craindra pas d’absolutiser allègrement sur tous les plans de la vie individuelle et collective. Ces puissances, nous les connaissons bien : argent, sexe, race, parti, etc.

François Varillon, extraits de ses conférences
cf « Joie de croire, joie de vivre », p. 135

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