L’Église a fourni des savants de grande qualité

Il y eut également tous ceux qui au cours de l’histoire s’opposèrent à leur propre Eglise pour défendre la modernité.

Si la tendance des Églises et plus encore des clergés est donc de s’opposer à la science, il s’agit de leur tendance naturelle et donc généralement majoritaire. Mais à l’intérieur de tous les clergés il existe des hommes dont la vocation est totalement guidée par la volonté de savoir, de comprendre.

Lorsque Georges Dumézil étudie sa trifonctionnalité des peuples indo-européens, il assimile le détenteur du savoir au prêtre. Le monde savant est confondu avec le monde religieux. Astronomie - astrologie - Aristote - clercs - prêtres - Université - physique - savants - professeurs - chercheurs, il y a là une continuité plus qu’historique.

Ainsi, l’Église a fourni des savants, et des savants de grande qualité. En étalant mon choix dans le temps, j’en mentionnerai quatre dont l’œuvre fut particulièrement signifiante.

Copernic, « l’homme par qui le scandale arrive ». Haüy, contemporain de la Révolution française, qui jeta les bases de la cristallographie. Mendel, le moine tchèque qui fonda la génétique. Lemaître, abbé belge qui fut l’un des pionniers du big-bang. J’aurais pu en ajouter une bonne vingtaine d’un calibre à peine inférieur.

Nul doute qu’il ne faille faire
une place à part aux Jésuites

Il y eut également tous ceux qui au cours de l’histoire s’opposèrent à leur propre Eglise pour défendre la modernité. Duns Scott, Guillaume d’Occam, Nicole Oresme, Jean Buridan, Giordano Bruno qui préférera le bûcher à l’abjuration de la vérité qu’il entrevoyait, le pasteur Playfair qui contre son Église anglicane fera triompher les principes de la géologie moderne. Teilhard de Chardin interdit de cours et de chaire en France, exilé aux États-Unis pour avoir dit cinquante ans avant les dirigeants catholiques actuels comment il fallait interpréter la Bible.

Dans ce « palmarès », nul doute qu’il ne faille faire une place à part aux Jésuites. La compagnie de Jésus a joué un rôle considérable dans le développement scientifique, au moment du Collège romain bien sûr, où son rôle fut décisif, mais plus encore tout au long de l’histoire, où dans les collèges jésuites le poids de la science aura été maintenu contre vents et marées. De Clavius à Teilhard, de nombreux jésuites ont servi la science en essayant de ne pas trahir leur foi. Cerains ont parfois adopté des attitudes répressives, mais la science est toujours restée présente au cœur de la Compagnie.

(Claude Allègre, Dieu face à la Science, p 253)

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