La Création du monde : les origines

La science révèle presque tout de « comment ? ». Elle n’a pas progressé d’un pouce dans la découverte du « pourquoi ? » (p. 77)

Impossible de rien prouver, ni dans un sens ni dans l’autre.

— Impossible, en effet Malgré tant d’efforts, et des uns et des autres. La science remonte jusqu’aux premières secondes de l’univers, quinze milliards d’années avant toi. Elle règne sur ton monde et ta vie et elle te révèle presque tout du « comment ? » des origines. Elle n’a pas progressé d’un pouce dans la découverte du « pourquoi ? ». Sur ce terrain-là, elle n’a pas avancé et elle n’avancera jamais. Parce que ce n’est pas son affaire. Dieu est d’un autre ordre que la science et le génie des hommes.

Tu ne croiras ni ceux qui t’assurent que le monde a été créé il y a quelques milliers d’années par un vieillard à barbe blanche ni ceux qui proclament que l’univers s’est fait tout seul par un jeu aveugle de rencontres improbables et de forces mystérieuses. Ni les fables des uns ni la doctrine des autres. Ni une mythologie pour enfants arriérés ni des théories qui n’en finissent jamais de se détruire avec férocité et de cerner une vérité à laquelle, par nature, elles sont incapables d’atteindre. Sous un nom ou sous un autre, tu croiras à l’esprit qui est la source de tout. Tu croiras en un Dieu, caché et tout-puissant, de sagesse et d’absence. (…)

Votre tout sortait du néant et il n’était (presque) rien.

Il était encore presque rien et il était déjà presque tout. Il était le milliardième du milliardième d’une pointe d’épingle. Sa température s’élevait à des milliards de milliards de degrés et sa masse dépassait tout ce que tu peux imaginer. Miracle au moins aussi incroyable que la négation du néant, dans cette pointe d’épingle dormait, déjà présent, encore absent, tout l’univers à venir. Et toute l’histoire des hommes, aussi minuscule et aussi immense au regard de l’univers que la pointe d’épingle au regard du néant infini.(…)

L’univers, beaucoup, avant toi, l’auront cru infini

Simon, disait le Seigneur du néant et du tout, l’univers qui va jaillir de mon esprit et de la pointe d’épingle sera inouï et très beau. Pour vous, il sera immense. Et pour moi, minuscule. Tout y sera nouveau puisqu’il sort du néant qui est seul avec moi à être infini. L’univers, beaucoup, avant toi, l’auront cru infini. Et beaucoup, après toi, le croiront encore infini. Il n’est pas infini. Ni dans l’espace ni dans le temps. Il n’y a d’infini que le néant et moi. Mais il sera tellement grand qu’à la mesure des créatures il pourra paraître infini. Il sera assez grand pour que vous ne puissiez jamais remonter à la source dont je suis venu te parler. À toi. Et à toi seul.

J. d’Ormesson : « La création du monde » p. 77

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