La foi des fidèles a besoin d’être nourrie par des spécialistes

La tâche intellectuelle de bon niveau est un impératif pour les Églises afin d’éviter demain leur disqualification sociale et leurs errances politiques.

La foi des fidèles a besoin d’être constamment nourrie par les travaux des exégètes, des théologiens, des philosophes, des spécialistes des sciences sociales. De l’intérieur de la mouvance chrétienne, ceux-ci s’efforcent d’élaborer des réponses, d’éclairer les questions difficiles, avec les méthodes des contemporains et dans le respect de la communauté scientifique environnante.

Henri Madelin « Sous le soleil de Dieu »

Si de tels éclaireurs ne se lèvent pas à l’horizon, je crains que l’expérience chrétienne ne verse tout entière du côté du témoignage, de l’échange, du partage fraternel. C’est un aspect fondamental de la vitalité du peuple chrétien qu’il convient de promouvoir.
Mais la foi chrétienne ne peut se résumer à ces pratiques tellement en honneur aujourd’hui. Elle doit aussi participer aux débats de son époque et rencontrer d’autres partenaires loin de l’univers chrétien sous peine de s’enfermer dans des espaces protégés et de ne plus oser en sortir.

Les ordres religieux participent au débat à la mesure de leurs moyens. Si la diminution de leurs effectifs continue, il faudra bien que d’autres prennent le relais à la mesure de leur progression numérique.

Le bon niveau de la piété partagée n’est pas le seul critère de la vitalité d’un groupe religieux. Après tout, pour parler en historien, sous Vichy, les Églises étaient pleines et le discours spirituel plutôt florissant ; mais les réveils furent cependant douloureux.
Le salut est venu du travail obscur de quelques grandes figures chrétiennes qui, dans les années trente, oeuvraient pour le renouveau intellectuel et spirituel de l’Église, dans une relative indifférence générale. Ils ont élaboré des réflexions et des critères pour éviter à l’Église de se noyer dans une société qui poursuivait sa course sous le signe du « désordre établi ». Tout cela pour signifier que la tâche intellectuelle de bon niveau est un impératif pour les Églises afin d’éviter demain leur disqualification sociale et leurs errances politiques.

Henri Madelin, Sous le soleil de Dieu, p. 115

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