La globalisation et le monde aymara

La globalisation remet en cause l’identité aymara. En proposant comme unique valeur la richesse, le système provoque une crise d’identité de l’être humain.

La globalisation remet en cause, une fois de plus, l’identité aymara. En proposant comme unique valeur la richesse, comme unique projet de vie l’enrichissement, comme unique règle l’économie, le système provoque une crise d’identité de l’être humain.

C’est pourquoi la proposition simpliste des sectes résout à bon marché la crise d’identité de ceux qui y adhèrent. En entrant dans la secte, les personnes pensent résoudre leur problème d’estime de soi. De méprisés, parce qu’Indiens, ils se sentent valorisés par l’appartenance à la secte. L’intolérance et l’intransigeance des sectes jouent comme un mécanisme de défense face au racisme. Ils trouvent là aussi un fort sens de la communauté et une religiosité qui ne laisse pas place au questionnement. Face à un monde complexe, aux explications compliquées de la théologie catholique, ils se trouvent dans une situation qui comble leur désir de stabilité.

La théologie est simple : Dieu bénit le riche.

C’est évidemment l’arme théologique ou idéologique du système néolibéral. Le manque de succès financier dans la vie est vu comme le résultat de l’action de Satan. Non seulement cela convient parfaitement aux intérêts personnels et individuels, mais cela renforce l’individualisme, le fait que l’individu passe avant tout, et délimite la solidarité au petit groupe.

En entrant dans la secte, l’Aymara se libère des racines culturelles. Cela lui permet le changement de valeurs. Le rejet des fêtes et du compradrazgo, qui jouent un rôle de régulation des biens, lui permettent l’accumulation de biens. C’est clairement l’avoir au-dessus de l’être.

De plus le système applique la théorie du marché au domaine religieux. La religion se transforme en une marchandise comme n’importe quelle autre. L’être humain devient un consommateur du religieux. Il va ou cela lui convient le mieux : la vierge d’Urkupiña, le chapiteau des miracles, le yatiri… Il y a une accommodation des croyances au système du marché.

Cela provoque des tensions dans la société tension entre la culture traditionnelle et la dynamique de la culture dominante tension entre une identité renforcée dans la secte et la perte du sens religieux ; tension entre l’acceptation de la diversité et un modèle technologique et économique qui élimine la spécificité.

La résistance est une caractéristique de l’être aymara. Celle-ci questionne profondément la pratique pastorale de l’Église catholique : comment faire pour que la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ soit une bonne nouvelle pour l’être aymara ?

(François Donnat dans « Mission de l’Eglise n°141 », Déc 2003)

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