La sévérité des chrétiens de gauche à l’égard de l’institution catholique

Je n’étais pas loin de penser que les Eglises, en tous temps et en tous lieux avaient trahi le message évangélique.

Dans un premier temps, en tout cas, je fis mienne la sévérité des chrétiens dits « de gauche » à l’égard de l’institution catholique. Comme eux, je me désolais du ralliement historique au pouvoir temporel, de la crispation dogmatique, de l’autoritarisme pyramidal du Vatican, du conservatisme intraitable et des condamnations disciplinaires dont furent victimes tant de savants ou théologiens, qui s’écartaient de la dogmatique romaine. J’éprouvais une réticence de principe à l’endroit de ce que les adversaires du christianisme appellent le « césaro-papisme ». Je n’étais pas loin de penser que les Eglises, en tous temps et en tous lieux avaient trahi le message évangélique.

Je m’enthousiasmais, en revanche, à la pensée que, dès le IVe siècle de notre ère, l’essor du monachisme et la spiritualité exilée des Pères du désert avaient apporté un contrepoint silencieux, une réponse à cette conversion de Constantin qui avait fait du christianisme la religion officielle de l’Empire, avec toutes les compromissions temporelles - et les répressions séculières - qui s’ensuivirent. Les chrétiens de ma génération, y compris ces anciens prêtres qui avaient rompu avec l’Église après mai 1968, partageaient clairement cette défiance à l’égard du Vatican, ses pompes, ses ors, ses œuvres et ses conservatismes.

J.C. Guillebaud, « Comment je suis redevenu chrétien » p. 129

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