Le jugement sur les apparitions

Le jugement sur les faits d’apparition revient toujours à l’évêque du diocèse dans lequel ils se produisent.

Le jugement sur les faits d’apparition revient toujours à l’évêque du diocèse dans lequel ils se produisent. Les Normes de 1978 sont explicites : c’est à l’Ordinaire du lieu qu’il appartient au premier chef d’enquêter et d’intervenir.
Dans les cas graves - notamment lorsque le fait affecte une large portion de l’Eglise – Rome (c’est-à-dire la Congrégation pour la doctrine de la foi) peut être appelée à intervenir, mais l’Ordinaire sera toujours consulté ainsi que la Conférence épiscopale si la situation le requiert.

En fait, il appartient à la Sacrée Congrégation de discerner et d’approuver la façon d’agir de l’Ordinaire ou, si cela s’avère nécessaire, de procéder à un nouvel examen des faits distincts de celui qu’aura effectué l’Ordinaire. En règle générale, le rôle de la Congrégation est consultatif, mais il arrive - exceptionnellement - qu’elle remplisse l’office d’une cour d’appel : soit que l’évêque ait recours à elle après qu’il a rempli les obligations lui incombant, pour solliciter une approbation de son jugement ; soit à la suite d’une démarche d’un groupe de fidèles dépités par un jugement négatif ; mais alors on veillera à ce que le recours à la Congrégation ne soit pas motivé par des raisons suspectes.

L’évêque procède à une enquête sur les faits

Ces principes édictés, l’évêque procède - s’il l’estime opportun - à une enquête sur les faits, qu’il confie en général à une commission d’experts dont il prendra en compte les appréciations pour en tirer ses conclusions. Il est à remarquer qu’il n’est nullement obligé de nommer une commission pour former son jugement : ainsi, pour les apparitions de Betania (Venezuela, 1976), où la Vierge apparut à une mère de famille, puis à des centaines de personnes, Mgr Pio Bello Ricardo, évêque de Los Teques, a procédé seul aux investigations qu’il estimait nécessaires, puis il a sollicité l’avis de la Congrégation pour la doctrine de la foi avant de rendre un jugement positif.

Rome ne se prononce pas sur l’authenticité et
l’origine surnaturelle d’une apparition.

Précisons que, conformément à une ligne de conduite rigoureuse, jamais Rome ne se prononce sur l’authenticité et l’origine surnaturelle d’une apparition. Elle s’en tient au principe qu’elle énonçait déjà en 1877, lorsque trois évêques la consultaient au sujet des faits de La Salette et de Lourdes :
« Ces apparitions ou révélations n’ont été ni condamnées ni approuvées par le Saint-Siège, qui a simplement permis qu’on les crût de foi humaine, sur les traditions qui les relatent, corroborées par des monuments (c’est-à-dire documents) et des témoignages dignes de foi ».
Elle permet simplement à tout évêque concerné de porter librement un jugement positif -
« usant de sa propre autorité et sans que soit impliquée aucunement l’autorité soit du Saint-Siège, soit de la Province ecclésiastique » (Lettre du Saint-Office à Mgr Charue, évêque de Namur, en date du 7 décembre 1942, relative aux apparitions de Beauraing).

Et quand les papes se rendent aux sanctuaires de
Lourdes, de Fatima ou de Guadalupe ?

Quand bien même les papes se rendent aux sanctuaires de Lourdes, de Fatima ou de Guadalupe, ils effectuent simplement une démarche de prière en Eglise comme tout pèlerin, sans pour autant se prononcer officiellement au nom du Saint-Siège sur les apparitions elles-mêmes, respectueux en cela de la reconnaissance du caractère surnaturel des faits par l’ordinaire du lieu.
Il arrive, en revanche, que la Congrégation intervienne pour ratifier la décision négative prise par un évêque et mettre un frein aux possibles déviations sectaires, ce qui s’est produit pour les faits d’Ezkioga (Espagne, 1931-1934), de Voltago (Italie, 1937-1943) et de Heroldsbach (Allemagne, 1949-1952) sanctionnées par des décrets du Saint-Office leur déniant tout caractère surnaturel, et ce, alors que les prétendues apparitions n’étaient pas encore terminées.

Les apparitions de la Vierge sont un sujet
trop grave pour être laissées
à l’appréciation de clercs

Les apparitions de la Vierge sont un sujet trop grave pour être laissées à l’appréciation de clercs n’ayant d’autre autorité que celle qu’ils s’adjugent, ou de fidèles enthousiastes qui souvent cèdent à l’émotion, à une sensibilité subjective, quand ce n’est pas à l’attrait du merveilleux. C’est aux évêques, pasteurs et docteurs, qu’a été confié par le Christ lui-même le soin d’enseigner le peuple de Dieu et de le conduire dans la vérité sur le chemin, ardu souvent, mais exaltant toujours, de la sainteté. L’Eglise enseigne en outre qu’une heure d’adoration devant le Saint-Sacrement, ou qu’un engagement dans la charité au service des frères plus pauvres ou souffrants, a davantage de valeur aux yeux de Dieu qu’un déplacement sur un lieu de prétendues apparitions. En ce sens, la grâce de Lourdes est exemplaire qui, par-delà les apparitions elles-mêmes et sous le patronage de l’Immaculée Conception, humble servante du Seigneur, mobilise les fidèles dans la prière et la charité.

Le Figaro : « 1858-2008 : Lourdes, de Bernadette à Benoît XVI »

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