Les musulmans doivent se réapproprier leurs textes

Article tiré de l’hebdomadaire « LA VIE » du 3 décembre 2015. « Il est temps de faire ce grand travail de dépoussiérage qui, une bonne fois pour toutes, redonnera au texte coranique ses lettres de noblesse. - Il faut de nouveau penser les textes à partir de nos réalités. »

Islam radical La Vie

[…] Il est temps de faire ce grand travail de dépoussiérage qui, une bonne fois pour toutes, redonnera au texte coranique ses lettres de noblesse, et sanctifiera la vie humaine, telle qu’elle a été sanctifiée par le Coran et par les traditions authentiques du Prophète.

Je ne parle pas d’une réforme de l’islam, mais d’une réforme de la lecture des textes. Les premiers savants de l’islam ont eu accès aux textes à partir de leur réalité. Aujourd’hui, c’est trahir leur pensée que d’aller à la rencontre Coran à partir des réalités qui étaient les leurs. C’est commettre un crime de lèse-conscience, voire de lèse-foi que de chercher à transposer ces réalités vieilles de plusieurs centaines d’années dans notre monde, au risque de reproduire ce que fait Daech.

Il faut de nouveau penser les textes à partir de nos réalités, pour ouvrir la porte à un effort d’interprétation. A partir du Xe siècle, cela s’est arrêté. Des gens ont dit : tout a été dit, nous sommes arrivés trop tard. Or, l’islam est soluble en tout temps et en tout lieu.

Le Coran nous dit que nous n’arriverons jamais à une compréhension exhaustive de la parole divine. Celle-ci doit être renouvelée en permanence. Un retour aux sources s’impose. C’est ce que j’appelle le vrai salafisme un retour à l’interprétation, qui n’a rien à voir avec le salafisme figé, qui considère que les textes ont déjà été interprétés une bonne fois pour toutes. (La Vie du 3/12/2015, page 30)

Mohamed Bajrafil, imam d’ivry-sur-Seine (94),
théologien et docteur en linguistique,
auteur d’Islam de France, l’an I (Plein Jour)

→ A ECOUTER Malek Chebel interviewé sur Radio Notre Dame (1 minute 55)

Malek Chebel est un anthropologue des religions et philosophe algérien né en 1953 à Skikda (anciennement Philippeville). Il a étudié en Algérie, puis en France à Paris, où il a également étudié la psychanalyse, activité qu’il a un temps exercée. Il a enseigné dans de nombreuses universités à travers le monde. […]
Il est également connu pour ses prises de position publiques en faveur d’un islam libéral et en faveur d’une réforme de l’islam incluant certains aspects progressifs de la modernité politique.

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