Lire la Bible : pourquoi, comment ? (suite : 2 / 2 )

Comment aborder la Bible ? - Se laisser guider - L’idéal c’est de lire la Bible à plusieurs - Lire la Bible pour nourrir sa prière.

Alors comment aborder la Bible ?

Quelqu’un qui entreprendrait de lire la Bible de la première à la dernière page serait vite rebuté. Comme tout grand monument, il est conseillé de l’aborder petit à petit et sans indigestion.

Se laisser guider.

On a tout intérêt à se laisser guider dans cette lecture. On répugne parfois à lire les introductions qui précédent chaque livre dans les Bibles un peu développées. Pourtant elles sont bien faites et donnent les principales clés de lecture.
On peut aussi prendre des études un peu plus complètes comme celles qu’on trouve dans la série des « Cahiers Evangile » par exemple.

Lire les extraits proposés chaque jour.

Une autre manière d’aborder la Bible consiste à lire les extraits que la liturgie propose chaque jour à la messe. On peut les trouver dans le livret « Prions en Eglise » que publie chaque mois Bayard Presse.
Il y a 2 passages de la Bible chaque jour de la semaine.

  • Le 1er est tiré de l’Ancien Testament, ou des Actes des Apôtres ou encore des lettres que ceux-ci (surtout Paul) adressaient aux premières communautés chrétiennes.
  • La 2e lecture est prise dans l’un des 4 évangiles. Ces extraits permettent de lire l’essentiel de la Bible, Ancien et Nouveau Testament en 2 ans.

Les extraits proposés ont été choisis parmi les passages les plus intéressants de la Bible. Ce sont aussi les plus nourrissants.
Personnellement je ne me lasse pas de relire certains récits. J’y découvre toujours de nouvelles richesses.
Ce n’est pas pour rien que Jésus a choisi de nous donner l’essentiel de son enseignement à travers ses paraboles.
Qui n’a entendu parler de la parabole du bon Samaritain ou de celle de l’enfant prodigue ?
Comment mieux expliquer ce qu’est la véritable attitude de prière qu’à travers la parabole du Pharisien et du Publicain.

L’idéal c’est de lire la Bible à plusieurs.

« Comme pour beaucoup de visites et de randonnées, l’idéal est de se lancer à plusieurs pour s’encourager et profiter des découvertes des autres… »
Depuis de nombreuses années on a vu naître en France des groupes bibliques. Dans ces réunions on lit ensemble les textes pour mieux les comprendre. Il est intéressant de bénéficier de l’aide d’un guide qui a appris à fréquenter ces textes anciens.

Dans notre paroisse Saint Dominique le Père François Coudurier conduit l’un de ces ateliers bibliques depuis de nombreuses années.
Chaque mois des paroissiens se réunissent pour lire et étudier ensemble des passages de la Bible. Cette année ils étudient l’Evangile selon St Jean. Vous pourrez trouver le détail de ce programme sur le site internet de la paroisse dans la rubrique : « Catéchèse et Catéchuménat ». Vous y découvrirez que cet atelier fonctionne depuis 1981.

Un travail d’approfondissement dans des équipes liturgiques.

On fait aussi parfois ce travail de découverte et d’approfondissement dans des équipes liturgiques qui préparent les messes du dimanche. Dans ces petits groupes on commence souvent par lire les 3 textes que sont proposés pour la messe. Ensuite on approfondit ensemble ces textes. Evidemment l’homélie de la messe du dimanche est aussi une aide précieuse pour cela.

Lire la Bible pour nourrir sa prière.

Mais la Bible nous est donnée pour nourrir notre prière.
« Notre relation à Dieu n’est pas à sens unique. Nous lui parlons quand nous prions et lui nous parle de différentes manières, mais surtout par la Bible. »

(Questions de la vie, p. 72)

La prière ne consiste pas seulement à parler à Dieu à l’aide de formules toutes prêtes ou en suivant son inspiration, elle doit aussi réserver une grande place à l’écoute de Dieu.

La « lectio divina »

Comment faire cela ? Profitons de l’expérience des moines, ces contemplatifs qui consacrent de longues heures à la prière. Ils affectionnent particulièrement un type de prière qu’ils appellent la « lectio divina ». Cela consiste à lire un texte de la Bible en prenant vraiment son temps. Voilà qui est particulièrement difficile pour nous qui sommes toujours pressés. Pourtant on court le risque de rester à la surface des textes quand on va trop vite.

Comme les copiste du Moyen Age

Si on a assez de patience l’inspiration vient et la prière jaillit naturellement. En somme il faut un peu retrouver l’attitude du « copiste » du Moyen Age lorsqu’il copiait les livres saints.
Il ne disposait pas de toutes ces machines perfectionnées qui nous permettent d’aller si vite que nous en restons à la surface des choses.
Avez-vous fait l’expérience de recopier tranquillement avec votre stylo un texte de l’Evangile dans lequel vous soupçonnez des richesses ? C’est bien ce que disait le petit prince de St Exupéry : il faut du temps pour apprivoiser les choses, les gens et aussi les textes.

Rencontrer le Christ vivant au cœur des croyants

Un dernier point mérite d’être souligné. On peut être tenté de se contenter de lire la Bible dans son coin en se disant que cela nous suffit pour rencontrer Dieu. Pourtant il faut se dire que la Révélation est parvenue jusqu’à nous à travers des communautés vivantes de croyants. Ce serait une illusion de croire qu’on peut enjamber les générations qui nous ont précédés pour se contenter du livre.
Ce livre n’est qu’un moyen pour nous permettre de rencontrer le Christ vivant encore aujourd’hui dans le cœur des croyants.

Conclusion : la prière d’Elie, le prophète

Comment mieux terminer cet exposé que par la lecture d’un petit passage de la Bible que je trouve plein d’enseignement pour nous. Il est tiré de l’histoire d’Elie. Ce fut l’ardent défenseur de la foi au Dieu d’Israël dans une période très difficile. Cela l’entraîna dans des conflits terribles avec le roi Achab (env. 700 ans avant notre ère) et surtout la reine Jézabel, une princesse phénicienne originaire de Sidon (Liban). En venant en Israël elle avait apporté avec elle les cultes de son pays.

Voici le texte :

« Jézabel envoya un messager à Elie, pour lui dire : Que les dieux me traitent dans toute leur rigueur, si demain, à cette heure, je ne fais de ta vie ce que tu as fait de la vie de chacun d’eux ! (les prophètes de Baal, le dieu de Jézabel)

Elie, voyant cela, se leva et s’en alla, pour sauver sa vie. Il arriva à Beersheba, qui appartient à Juda, et il y laissa son serviteur.

Pour lui, il alla dans le désert où, après une journée de marche, il s’assit sous un genêt, et demanda la mort, en disant : C’est assez ! Maintenant, Eternel, prends mon âme, car je ne suis pas meilleur que mes pères.

Il se coucha et s’endormit sous un genêt. Et voici, un ange le toucha, et lui dit : Lève-toi, mange.
Il regarda, et il y avait à son chevet un gâteau cuit sur des pierres chauffées et une cruche d’eau. Il mangea et but, puis se recoucha.
L’ange de l’Eternel vint une seconde fois, le toucha, et dit : Lève-toi, mange, car le chemin est trop long pour toi. Il se leva, mangea et but ; et avec la force que lui donna cette nourriture, il marcha quarante jours et quarante nuits jusqu’à la montagne de Dieu, à Horeb. » (I Rois, 19, 2-9)

Comme chacun d’entre nous le prophète a connu de terribles moments de découragement. La tâche lui paraissait trop lourde. Il demande la mort. Et quelle est la réponse de Dieu ? La réprimande, la punition ? Pas du tout. La patience plutôt, avec une réponse concrète à ses besoins du moment, cette galette avec la cruche d’eau. Mais ce premier encouragement ne suffit pas.

Le texte ne dit même pas que le prophète se met à prier. Nullement, il se rendort ! Nouvelle intervention de Dieu et toujours aussi concrète. Cette fois-ci le prophète a retrouvé ses forces et le voilà qui reprend sa route. Finalement il parvient à la montagne du Sinaïe où Dieu vient le visiter. Elie nous enseigne que le Dieu tout-puissant n’est pas ce que l’on croit :

« Le SEIGNEUR dit : (à Elie) :
« Sors et tiens-toi sur la montagne, devant le SEIGNEUR ; voici, le SEIGNEUR va passer. » Il y eut devant le SEIGNEUR un vent fort et puissant qui érodait les montagnes et fracassait les rochers ; le SEIGNEUR n’était pas dans le vent. Après le vent, il y eut un tremblement de terre ; le SEIGNEUR n’était pas dans le tremblement de terre. Après le tremblement de terre, il y eut un feu ; le SEIGNEUR n’était pas dans le feu. Et après le feu le bruissement d’un souffle ténu.

Alors, en l’entendant, Elie se voila le visage avec son manteau ; il sortit et se tint à l’entrée de la caverne. Une voix s’adressa à lui : « Pourquoi es-tu ici, Elie ? » Il répondit : « Je suis passionné pour le SEIGNEUR, le Dieu des puissances : les fils d’Israël ont abandonné ton alliance, ils ont démoli tes autels et tué tes prophètes par l’épée ; je suis resté moi seul, et l’on cherche à m’enlever la vie. »

Le SEIGNEUR lui dit : "Va, reprends ton chemin en direction du désert de Damas. (…) (1 Rois 19, 11-15)

Faisons nôtre également ce message de Dieu à son prophète : reprenons notre chemin. Il sera peut-être encore long et difficile mais Dieu sera avec nous à chacune de ces étapes.


Pour aller plus loin :

Les « Cahiers Evangile » Une revue trimestrielle publiée par les Editions du Cerf.
Conseillé le cahier n°10 « Pour une première lecture de la Bible »

Le livret « Prions en Eglise » publié chaque mois Bayard Presse.

Le livret « Magnificat » publié chaque mois par les éditions Tardy. Plus développé que « Prions en Eglise ».

fr Bernard Méha

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