Pourquoi Jésus est-il mort ?

Jesus mort crucifixion

Il est mort… parce qu’on l’a tué - Le scandale par excellence - Ne pas dissocier la mort et la résurrection de Jésus - Que penser de la « théologie de la satisfaction » ? C’est la mort du Christ qui révèle en plénitude le Gloire de Dieu. (Notes de préparation pour un exposé du Parcours Alpha)

Il est mort… parce qu’on l’a tué !

« Cette évidence mérite d’être rappelée, ne serait-ce que pour éviter la représentation morbide et perverse - qui parfois a eu cours dans notre église ! - d’un Jésus doloriste recherchant la souffrance et la mort pour apaiser le courroux divin (cf. les horribles paroles du « Minuit, chrétiens »  !)… Jésus n’a pas voulu mourir et a même demandé à son Père que « cette coupe s’éloigne » de lui. Il n’est pas allé à la mort de gaieté de cœur. Il est mort parce qu’on l’a tué. […]

Jesus en croix (Redon, église St-Sauveur)
Photo Bernard MEHA

On l’a tué, nous disent les évangiles, parce que sa parole et son comportement avaient fini par faire de Jésus un gêneur. Avec sa manie de dire la vérité, de faire la vérité, ceux qui l’avaient d’abord accueilli avec joie finirent par déchanter et s’en mordre les doigts !
« La lumière est venue dans le monde, et les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises. »
[Jn 3:19].

Le scandale par excellence !

Mais, pour pertinente qu’elle soit, cette première réponse est insuffisante. La mort de Jésus ne se réduit pas à la « liquidation » d’un gêneur. Car la vraie question est celle-ci : Si Jésus est le Fils de Dieu, comment peut-il mourir ? … et, qui plus est, d’une mort aussi infamante ? Dès le début, c’est bien, en effet, ce qui fait problème  :
« Les Juifs demandent des miracles et les Grecs recherchent la sagesse ; mais nous, nous prêchons un messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les païens »
[1 Co 1:22-23].
Un détail qui en dit long sur le traumatisme et le scandale qu’a été la mort de Jésus pour ses disciples : il a fallu, semble-t-il, attendre le 3e siècle pour qu’on ose représenter le crucifix, c’est-à-dire Jésus en croix !

→ A ECOUTER : Que savons-nous de la date de la crucifixion de Jésus ? (0’50)

Jésus est descendu de la croix
Photo Bernard MEHA

Ce n’est qu’à la lumière de Pâques que, peu à peu, toute la vie de Jésus prend un sens… y compris sa mort.

En relisant tel ou tel psaume, et plus encore les descriptions du Serviteur et du juste souffrant (Is 42/1-44/5 ; Is 49:1-13 ; Is 50:4-11 ; Is 52/13-53/12 ; Is 61), les disciples entrevoient une cohérence, n’hésitant pas à dire que Jésus est mort « selon les écritures »[1 Co 15:3]. Dès lors, « ne fallait-il pas que le Christ endurât ses souffrances ? » [Lc 24:26]

On notera au passage que le Coran, malgré tout le bien qu’il dit de Jésus, ne peut admettre la réalité de la crucifixion de Jésus : cela semble trop contredire la transcendance divine !
Comme quoi, le scandale perdure au long des siècles !

Ne pas dissocier la mort et la résurrection de Jésus

Ce qui est sûr, c’est qu’on se condamne à ne rien comprendre à ce scandale si l’on dissocie ce que les premiers chrétiens ne dissociaient jamais, à savoir la mort et la Résurrection de Jésus qui, elle aussi, doit se comprendre « selon les écritures » (1 Co 15/4).

Jésus est ressuscité (chapelle de Condette)
Photo Bernard MEHA

Retenons au moins qu’au point de départ de tous ces développements, il y a ces innombrables affirmations de l’écriture : Jésus est mort « pour nous » ou « pour nos péchés ». Dans le texte grec du Nouveau Testament comme dans la traduction française, l’expression « pour nous » peut signifier « pour nous, en notre faveur » (ce qui semble être le sens le plus fréquent), mais aussi « à cause de nous » (cf. Rm 4/25) et encore « à notre place » (cf. Ga 3/13 et 2 Co 5/21).

Toutes ces expressions montrent que Jésus meurt comme il a vécu : pour nous ! Sa mort est à comprendre par sa vie, une vie toute entière « donnée » :
« Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15/13) ;
« ma vie, nul ne la prend, mais c’est moi qui la donne » (Jn 10/18) ;
« Ceci est mon corps donné pour vous ! » (Lc 22/19).

Et la vie de Jésus elle-même est à comprendre dans sa référence permanente à Dieu. Comme le dit admirablement la prière eucharistique n°4, Jésus est mort parce qu’il a voulu « nous aimer jusqu’au bout ».
(D’après un article de Philippe LOUVEAU paru sur le site de « portstnicolas.org »)

Pour lire l’article dans son intégralité sur le site « portstnicolas.org »

→ A ECOUTER Jésus a été victime des religieux du Temple (Extrait d’une émission de KTO 2’28)

Que penser de la théologie de la satisfaction ?

A la question :
« Qu’entendez-vous en disant que Jésus a racheté les hommes ? »,
le Catéchisme de Paris (édition de 1933) répondait :
« … J’entends qu’il a payé la dette de leurs péchés à la justice divine et leur a ouvert le ciel. »

Depuis Vatican II cette doctrine a été, heureusement, dénoncée à l’intérieur même de l’Église catholique. Joseph Ratzinger, dans un livre dont la traduction française parut en 1976, refusa de croire que Dieu n’est devenu « miséricordieux » qu’une fois sa « vengeance » accomplie. S’élevant contre la théologie de la « satisfaction » qui situait la croix « à l’intérieur d’un mécanisme de droit lésé et rétabli », il rejetait la notion d’un Dieu « dont la justice inexorable (aurait) réclamé un sacrifice humain, le sacrifice de son propre Fils. Autant cette image est répandue, autant elle est fausse ».

Jésus ressuscité avec ses disciples (St-Pierre du Gros Caillou)
Photo Bernard MEHA

Le P. Bernard. Sesboüé, dans son livre CROIRE, n’est pas tendre non plus pour cette théologie.

« Notre salut n’est pas une transaction qui se serait accomplie entre le Père et le Fils. Le Père aurait obligé son Fils à mourir, pour se venger sur lui, en quelque sorte, du péché de l’humanité. De son côté, le Fils aurait accepté cette condamnation à mort comme un châtiment pour expier nos péchés. Certains sont même allés jusqu’à penser qu’il fallait « compenser » le poids du péché par un poids de supplice équivalent…

Il faut dire qu’ils se trompent lourdement. Ce que Dieu n’a pas voulu imposer à Abraham, la mise à mort de son fils Isaac, ce dont il a voulu précisément libérer Abraham, se le serait-il imposé à lui-même ?…
Cette interprétation fautive est dramatique, car elle transfère la volonté de mort et la violence des hommes pécheurs à Dieu lui-même. Les hommes deviendraient le bras séculier de Dieu et provoqueraient un péché pour rétablir sa justice. Cela n’a pas de sens.

Ici encore on constate la tentation de l’homme de se décharger sur Dieu lui-même de sa propre violence…
Car ce Dieu vengeur, sanguinaire et injuste, puisqu’il punit l’innocent à la place des coupables, n’est pas digne qu’on croie en lui c’est un moloch. »

Jean Delumeau : Guetter l’aurore, p. 122

Saint Paul insistera sur la valeur rédemptrice de la souffrance

« La révélation de Jésus Fils de Dieu fut pour Paul celle de la rédemption et du salut par la croix. En faisant l’expérience mystique de Jésus vivant, Lui dont il savait qu’Il était mort en croix, Saül découvrit qu’Il était bien l’Élu de Dieu.

Aussi le théologien insistera-t-il sur la valeur rédemptrice de la souffrance plus qu’aucun autre de ses contemporains.
« Éprouver la puissance de la Résurrection »
,
écrira Paul, c’est
« participer aux souffrances du Christ » et « devenir semblable à lui dans sa mort ».

(Marie-Françoise Baslez, Saint Paul , p. 91)

P. François VARILLON : C’est la mort du Christ qui révèle en plénitude le Gloire de Dieu,

Résurrection de Jésus (mosaïque)
Photo Bernard MEHA

« Tout homme commence par chercher Dieu dans la ligne de la puissance, Dieu est le « Grand Patron », c’est inévitable : on ne peut pas ne pas s’orienter d’abord dans cette direction qui est païenne.
Spontanément, nous voudrions que Dieu intervienne constamment dans nos affaires, que Dieu écrive Lui-même notre histoire à notre place, que Dieu nous délivre de cette terrible responsabilité que nous avons d’être nous-mêmes l’auteur de notre destin". […]

C’est la mort du Christ qui révèle en plénitude le Gloire de Dieu, cette Gloire qui est identiquement l’Amour comme Puissance d’anéantissement de soi. C’est en Jésus crucifié qu’est rendu manifeste le pur pour toi ou pour vous de l’Absolu vivant qui est Trinité.

C’est un homme défiguré, sanglant, couvert de crachats, de sueur et de sang, comparé par Isaïe à l’agneau conduit à la boucherie, qui dévoile l’Etre éternel sans figure. L’existence humaine n’a de sens qu’en lui et par lui : telle est l’affirmation centrale de la foi.

Comme on comprend l’émotion de saint Paul, quand il nous dit (Ph 3, 18) qu’il « pleure » en songeant à ces hommes
« qui marchent en ennemis de la croix du Christ » !

Il faudrait sans doute demeurer ou devenir capables de pleurer aussi. »

François Varillon, « Joie de croire, joie de vivre »

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