Que penser de la théologie de la satisfaction ?

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Depuis Vatican II cette doctrine a été, heureusement, dénoncée à l’intérieur même de l’Église catholique. Th. Rey-Mermet et Bernard Sesboüé ne sont pas tendres non plus pour cette théologie. Voir aussi ce qu’en dit Michel Quesnel.

A la question :
« Qu’entendez-vous en disant que Jésus a racheté les hommes ? »,
le Catéchisme de Paris (édition de 1933) répondait :
« … J’entends qu’il a payé la dette de leurs péchés à la justice divine et leur a ouvert le ciel. »

Depuis Vatican II cette doctrine a été, heureusement, dénoncée à l’intérieur même de l’Église catholique. Joseph Ratzinger, dans un livre dont la traduction française parut en 1976, refusa de croire que Dieu n’est devenu « miséricordieux » qu’une fois sa « vengeance » accomplie. S’élevant contre la théologie de la « satisfaction » qui situait la croix « à l’intérieur d’un mécanisme de droit lésé et rétabli », il rejetait la notion d’un Dieu « dont la justice inexorable (aurait) réclamé un sacrifice humain, le sacrifice de son propre Fils. Autant cette image est répandue, autant elle est fausse ».

Th. Rey-Mermet et B. Sesboüé ne sont pas tendres non plus pour cette théologie.
Le premier écrivait :
(Cette doctrine) présente Dieu comme un justicier sanguinaire, un maquignon rapace, pour qui la rançon n’a d’ailleurs pas d’odeur puisqu’il sacrifie l’innocent pour le coupable. A moins qu’on n’y voie une transaction fictive de Dieu à Dieu, un capital changeant de tiroir dans la même caisse. Mais alors, pourquoi cette comédie ? Et, dans ce « jeu », pourquoi souffrance et mort d’homme ?… De toute façon, dans un cas comme dans l’autre, la Résurrection devient sans importance, puisque tout est payé, « racheté », par la mort .

B. Sesboüé est tout aussi vif dans un ouvrage plus récent et portant le même titre que celui de Th. Rey-Mermet, Croire :

Notre salut n’est pas une transaction qui se serait accomplie entre le Père et le Fils. Le Père aurait obligé son Fils à mourir, pour se venger sur lui, en quelque sorte, du péché de l’humanité. De son côté, le Fils aurait accepté cette condamnation à mort comme un châtiment pour expier nos péchés. Certains sont même allés jusqu’à penser qu’il fallait « compenser » le poids du péché par un poids de supplice équivalent…

Il faut dire qu’ils se trompent lourdement. Ce que Dieu n’a pas voulu imposer à Abraham, la mise à mort de son fils Isaac, ce dont il a voulu précisément libérer Abraham, se le serait-il imposé à lui-même ?… Cette interprétation fautive est dramatique, car elle transfère la volonté de mort et la violence des hommes pécheurs à Dieu lui-même. Les hommes deviendraient le bras séculier de Dieu et provoqueraient un péché pour rétablir sa justice. Cela n’a pas de sens.

Ici encore on constate la tentation de l’homme de se décharger sur Dieu lui-même de sa propre violence… Car ce Dieu vengeur, sanguinaire et injuste, puisqu’il punit l’innocent à la place des coupables, n’est pas digne qu’on croie en lui c’est un moloch

Jean Delumeau : Guetter l’aurore, p. 122

Ecouter ce que dit Michel Quesnel au sujet de la théologie de la rédemption - 1’33

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