Du nouveau pour la Maison d’Arrêt de la Santé près de la rue Dareau à Paris

La nouvelle est tombée ces jours derniers, la Maison d’Arrêt de la Santé (prison de la Santé) a été fermée pour travaux le 30 juin 2014. On en parlait déjà depuis plusieurs années.

Mes liens avec la Maison d’Arrêt de la Santé

Mais direz-vous pourquoi vous intéresser particulièrement à cet établissement ? Plusieurs raisons à cela. Dès mon arrivée à la communauté des Frères Maristes de la rue Dareau à Paris j’ai été intrigué par ces grands murs qui entourent ce lieu à deux pas de chez nous.
Le soir quand je fais une petite sortie avant d’aller dormir je fais volontiers le tour de la Prison de la Santé. Pas de stationnement autorisé le long des hauts murs qui l’entourent (rue de la Santé, rue Jean Dolent, boulevard Arago et la toute petite rue Messier). Et c’est une interdiction parfaitement respectée ! Les automobilistes qui l’ignoreraient seraient vite rappelés à l’ordre par les voitures de police qui font des rondes très fréquentes. Lieu calme donc en général. Parfois on entend de grands cris passant par-dessus les grands murs. Cela donne à réfléchir. C’est rare fort heureusement !

Prison Santé vue de la rue Messier
Photo Bernard MEHA

« Paroissiens » particuliers de Saint-Dominique

Mais voici quelques années il m’a été donné de pénétrer derrière ces murs mystérieux. Il faut savoir que la Prison de la Santé est située sur le territoire de notre paroisse, Saint-Dominique, rue de la Tombe-Issoire. Les détenus sont évidemment des paroissiens un peu particuliers mais ils ne sont pas abandonnés des chrétiens de ce quartier, loin de là !

Chaque dimanche un prêtre vient assurer deux messes successives à l’intérieur. Et il n’est pas seul ! Deux ou trois paroissiens ou paroissiennes l’accompagnent. J’ai fait partie de cette petite équipe pendant plusieurs années. Tous ceux qui ont vécu cette expérience en ont été marqués !

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Ce n’est pas sans une certaine émotion que j’apercevais certains dimanches matin avant 8 h telle paroissienne se hâtant vers la Maison d’Arrêt en emportant une petite germe de fleurs ! Pourquoi ces fleurs, qu’allait-elle en faire ? J’ai compris quand j’ai vu ces hommes défiler à la fin de la messe pour recevoir chacun sa petite fleur ! C’étaient des hommes, jeunes, mais qui n’étaient plus des enfants ! Spectacle difficile à imaginer par des gens du dehors.

De modestes locaux pour accueillir les familles
Photo Bernard MEHA

C’est pour mieux intégrer les « résidents » de la prison de la Santé que la paroisse Saint-Dominique a créé un jumelage avec des activités ou attributions variées. Vous vous en rendrez compte en lisant quelques articles publiés sur le site Internet de la paroisse. Ces articles, pour la plupart sont tirés de « LIENS » un petit journal préparé avec la collaboration des détenus. Vous apprécierez particulièrement certains dessins. Ils ont été réalisés par un détenu. A sa sortie de prison il a été accueilli un certain temps chez une paroissienne. Il est décédé à présent. Quand je rencontre cette dame âgée je ne peux m’empêcher de repenser à ce qu’elle a été capable de faire pour aider cet homme à reprendre pied dans la vie de tous les jours.

L’une des attributions du jumelage a été d’organiser l’accueil des familles qui visitent les détenus. Ces gens viennent parfois de loin et ils apprécient de trouver des personnes et un local près de l’entrée de la prison en attendant l’heure des visites.

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Plusieurs de mes confrères ont été engagés dans cette mission particulière d’une présence chrétienne auprès des détenus. Certains ont raconté leur expérience dans la revue Présence Mariste.

Dessin de Serge, un détenu
Photo Bernard Méha

Voyez par exemple ce que dit F. Guy Meynier qui a été aumônier de la prison de la Talaudière à St-Etienne :

Je ne m’imaginais pas alors combien cette présence dans l’univers carcéral allait me transformer et modifier mes manières d’être et de faire. Et c’est en pareille situation que j’ai pu faire miennes les paroles de St Vincent de Paul : « Ne vous occupez pas des prisonniers si ne vous consentez pas à être leurs sujets et leurs élèves. Ceux que nous appelons les misérables ce sont eux qui nous doivent évangéliser et convertir ; après Dieu, c’est à eux que je dois le plus. »

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Voir aussi :


Mais qu’est-ce que vous allez perdre votre temps avec des détenus, vous feriez mieux de vous occuper des victimes !!!

« Que de fois ai-je entendu cette réflexion, même de la part de bons amis, bien sous tous rapports. Et parfois sans qu’elle soit exprimée en paroles je sens bien dans les regards combien elle est présente. »

A LIRE « Allez dire aux captifs qu’ils sont libres ! »

fr Bernard Méha
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