Pour en finir avec les paradis fiscaux

Les paradis fiscaux sont des centres financiers en extra-territorialité qui attirent les capitaux frauduleux par une fiscalité avantageuse et des garanties de secret bancaire. Ils permettent de blanchir les bénéfices liés aux trafics d’armes et de drogue, à la traite des êtres humains, au commerce de matière nucléaire, de véhicules volés, etc.

La criminalité financière est le dénominateur commun de toutes ces criminalités. En outre, les fortunes cherchent souvent à y échapper au fisc, ce qui aggrave les inégalités sociales et favorise la corruption. Nous sommes donc là devant l’un des plus grands scandales du monde contemporain.

Face au crime mondial, il n’y a encore ni droit mondial, ni justice mondiale, ni police mondiale. Il est urgent d’établir un droit d’ingérence contre la criminalité financière. Si l’opinion publique était informée des sévices invisibles que cette situation facilite, nul doute que les États seraient plus combatifs.

D’après une étude récente du FMI, les actifs internationaux des banques de ces centres atteignent environ cinq mille milliards de dollars en croissance de 6 % par an de 1992 à 1997. Bien que tous ces actifs ne soient pas de nature suspecte, on doit mentionner que d’après l’ONU, le commerce de la drogue représente 8 % du commerce mondial, et le « PCB » (produit criminel brut) atteint 15 % du commerce mondial. Une bonne part de ce PCB transite par ces centres.

Dans ce domaine, hélas, l’Europe n’a guère de leçons à donner.
Les paradis fiscaux y prolifèrent : du Luxembourg à Monaco, des îles Anglo-Normandes au Lichtenstein, Gibraltar ou Saint-Marin. I’Europe doit donc s’engager résolument vers l’élimination des paradis rivaux - à commencer par les siens -, sur la base du concept de l’OCDE qui dresse la liste de quarante-sept régimes fiscaux préférentiels de pays membres comme potentiellement dommageables. L’OCDE est convaincus qu’un dialogue constructif peut s’engager avec la plupart des pays et territoires concernés.

« Notre Foi dans ce siècle » de Michel ALBERT, Jean BOISSONNAT, Michel CAMDESSUS Ed. Arléa, 2002, p. 92

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