R. Rémond : Le nouvel antichristianisme

René Rémond, « Le nouvel antichristianisme », entretiens avec Marc Leboucher, paru en 2005 chez Desclée de Brouwer.

Le catholicisme a beaucoup développé cet aspect pour proposer une vision d’ensemble de la vie en société qui concerne le rôle de l’État, les libertés publiques, aussi bien que la protection sociale.

Des conceptions théologiques différentes conduisent, c’est évident, à des vues anthropologiques différentes.

Les Français ne savent pas débattre. Les programmes scolaires prévoient bien un apprentissage du débat argumenté dans le cadre de l’éducation civique, mais les effets ne s’en font guère sentir.

Je ne crois pas que poser au préalable de tout dialogue une sorte de déisme flou, qui se voudrait fédérateur et élément d’unité, rende service à un échange en vérité.

Et quelle présomption dans la certitude d’avoir raison ! On sait aussi par expérience que le mépris conduit à la haine. Au reste elle est déjà présente dans l’ouvrage « Traité d’athéologie ».

Une telle violence n’est pas sans surprendre : elle témoigne de cette culture du mépris dont le christianisme est trop souvent l’objet.

Je ne pense pas qu’il le régime de Vichy ait repris formellement l’expression [ordre moral] mais il a incontestablement hérité de son inspiration.

À sa manière et avec un sens de l’équilibre assez remarquable, la loi de 1905 a répondu à la fois aux aspirations libérales et aux demandes essentielles de l’Église.

Les pères conciliaires ont mis en évidence le caractère spécifique de l’acte de foi : toute pression, toute contrainte sociale vicierait sa nature et altérerait la liberté de la conscience.

L’Église paie probablement le prix d’un discours déséquilibré, car elle a peut-être passé plus de temps à définir les normes de conduite qu’à transmettre le message d’amour de l’Évangile.

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