« II n’y a pas, en France, de règles supérieures aux lois de la République »,
avançait Jacques Chirac, en 2003, en installant la commission sur la laïcité.
C’était oublier l’éternelle leçon d’Antigone contre Créon : il est des lois non écrites qui peuvent prévaloir quand l’Etat viole des préceptes légués par la sagesse des siècles.

C’était ignorer que la foi obéit toujours à des impératifs supérieurs aux enjeux terrestres.
C’était méconnaître que croyants et incroyants, de nos jours, sont confrontés aux mêmes défis. Face aux menaces que la guerre, le terrorisme, la science ou la technologie font peser sur l’humanité, qui définira des normes collectives ?
Si c’est l’Etat, il devient totalitaire, et si ces normes ne sont pas définies, c’est l’anarchie : quand la morale devient subjective, le bien commun risque de se dissoudre et la société de se déliter.
La sécularisation du monde moderne, doublée du relativisme contemporain, laisse donc entière la question du code de valeurs sur lequel repose le lien social. « L’homme avait une âme, observe Emile Poulat : il est désormais une conscience. A l’aube du troisième millénaire, les politiques ont à faire vivre en paix non plus deux ou trois religions, mais des myriades de consciences !. »
La laïcité peut-elle suffire à cette exigence ? Question ouverte.
Jean Sévillia : « Quand les catholiques étaient hors la loi » p 290