Ce jour-là, on a beaucoup parlé d’Afrique. Chacun a ouvert son porte-monnaie. Mais quelqu’un a-t-il expliqué ou compris que la « mission » est désormais à la porte de nos paroisses françaises ? Où sont nos missionnaires dans ces cités immigrées à dix minutes de nos églises ? Qui va habiter parmi eux ? Qui se préoccupe de tisser des liens avec ces frères et sœurs sans histoire commune avec nous ?
Ces territoires immenses et si proches sont peuplés de familles étrangères qui connaissent à peine notre langue, notre culture et encore moins notre foi puisque beaucoup sont musulmanes !
« On reçoit les pauvres et les étrangers avec la plus grande attention. En effet, c’est surtout à travers eux que l’on reçoit le Christ »,
écrivait Benoît dans sa Règle 85 dès le VIIe siècle.
De Martin de Tours à Patrick, en passant par Colomban et Boniface, nombreux sont les moines qui ont évangélisé l’Europe. Les arbres ont des racines, mais les hommes ont des jambes : ces communautés sont allées habiter parmi les peuples dits « barbares ». Elles ont annoncé la Bonne nouvelle par leur témoignage de vie : prière, travail, hospitalité et promotion humaine du voisinage.
Ce monachisme missionnaire et humaniste, qui a construit des écoles et des hôpitaux, est d’actualité dans nos vieilles villes du Nord peuplées de nouveaux immigrés du Sud.
Henry Quinson : « Moine des Cités » p. 122