Sa mission s’élargit aux dimensions du monde.
En août 1843 elle est de retour en France. La congrégation est déjà implantée à Bourbon, en Inde, au Sénégal, en Sierra Leone et Gambie, dans les Antilles françaises et anglaises, à Saint Pierre et Miquelon ; les maisons se sont multipliées en France. Bientôt des Sœurs partiront à Tahiti et aux Marquises, dans les petites îles de Madagascar. Un projet de fondation en Chine reste sans suite. Mère Javouhey est partagée entre la nécessité de donner du temps à la formation des religieuses et de répondre aux demandes de personnel qui se font insistantes.
Elle conduit des Sœurs dans les ports, fait des plans pour l’avenir, va sur place étudier des possibilités de fondations. En février 1848, elle est en Belgique quand éclate en France une troisième révolution. Elle revient à Paris, soigne les blessés, aide les pauvres qui sont les premières victimes de tous les bouleversements en cours. Mgr Affre est tué sur les barricades. Agitations, incertitudes, violences … Mère Javouhey garde son calme, encourage ses Sœurs.
La Maison-Mère s’installe à Paris, rue Méchain (14e)
Alors que ses forces diminuent - elle est dans sa 70e année - elle peut assurer à son Institut un port d’attache à Paris, dans l’immeuble qui est actuellement la Maison-Mère, au 21 rue Méchain, dans le 14e. En novembre 1849, grâce à l’entraide qui se vit dans la congrégation, elle achète celle belle propriété où elle installe une maison de formation et des activités au service d’enfants et de personnes âgées.

Ardente, intrépide, prompte à aimer et à pardonner, d’une bonté qui ne connaissait ni limites ni entraves, Anne-Marie Javouhey a vécu aisément une union à Dieu qui s’est fortifiée dans les épreuves et qui l’a lancée dans le service inconditionnel des enfants, des malades, des aliénés, des gens méprisés, de tous les « pauvres » que croisait son chemin. Ses intuitions prophétiques, son sens pédagogiques ses initiatives audacieuses sa puissance créatrice, ont leur source dans sa confiance inébranlable en Dieu et dans la certitude de son appel. Chez elle, l’action de grâces jaillit en toute circonstance ; à la veille de sa mort, survenue le 15 juillet 1851, elle confie : « Je repasse en ma mémoire tous les bienfaits de Dieu pour nous, ils sont si grands, si nombreux, si immenses que j’en suis confondue. »
Le 15 octobre 1950, à Rome . le Pape Pie XII proclame Anne-Marie Javouhey Bienheureuse. Son charisme anime plus de 3 000 Sœurs de Saint Joseph de Cluny, originaires de nombreux de pays, qui continuent sa mission dans les cinq continents. Des fondations naissent chaque année, en Inde, en Afrique (Niger, Tanzanie, Cameroun) en Amérique (Cuba, Argentine) auprès de personnes pauvres et délaissées.
De nombreux laïcs, désireux de vivre selon le charisme de la Bienheureuse Anne-Marie Javouhey, se sont rassemblés dans des groupes d’Associés.
Biographie d’Anne-Marie Javouhey par Daniel Rops
(Dans « L’Eglise des Révolutions » Histoire de l’Eglise tome X, pages 261 et sq)