Ainsi, la « carrière » , à l’aube du XIX° siècle, d’un fondateur de congrégation fils de Jacobin, membre d’une famille en recherche d’ascension sociale, issu d’un milieu paysan partiellement alphabétisé, et vivement conscient de son échec scolaire, nous semble d’un certain intérêt.
Peu banale en effet peut apparaître cette histoire de prêtre mal dégrossi par le séminaire, aux études médiocres, mais imbu d’un idéal mystico-politique puissant, qui veut devenir lui-même pédagogue et fondateur d’une société d’enseignement, formée de paysans sans instruction ou presque.
En prenant ses disciples dans le milieu même qu’il veut évangéliser Champagnat leur assure une ascension sociale par et pour l’Église en même temps qu’il contribue à faire évoluer une paysannerie encore peu consciente des nécessités de l’instruction.
En fait cette histoire ressemble à des dizaines d’autres. Les spécialistes de l’éducation savent que l’Église du XIX° siècle, par ses séminaires, ses « collèges » , ses catéchismes, ses congrégations… a fourni les troupes massives d’une montée de la connaissance dont l’État s’attribuera plus tard le mérite exclusif.
A. Lanfrey : Marcellin Champagnat et les Frères Maristes, p 58