Les contemplatifs sont-ils à vos yeux un moteur pour la société ?
Je crois utile, pour une société tout entière orientée vers l’activité, la production, la fébrilité de l’action, qu’il y ait des lieux propices à la contemplation et des hommes qui guident, par leur vie et leur sagesse, leurs contemporains sur les voies de la démarche contemplative.

Les contemplatifs sont précieux pour notre civilisation. Je crois à leur utilité. Ils sont complémentaires de nous, qui vivons pleinement l’actualité de la société. J’ai toujours pensé que la consécration à la vie contemplative est un facteur d’apaisement, y compris pour ceux qui les observent de l’extérieur.
Ce que je regrette parfois, c’est que pour être vraiment un acteur d’apaisement, le contemplatif devrait pouvoir être contemplé. Or c’est rarement le cas. Je comprends bien sûr les raisons matérielles qui poussent les contemplatifs à s’isoler, mais je pense qu’un contemplatif qui peut être observé est un facteur de richesse et de pondération, un homme utile pour la société.
Il est sans doute paradoxal que ce soit moi, souvent présenté comme hyperactif, qui le dise, mais je crois à l’importance de la contemplation pour la société. À titre personnel, la vision de la sérénité me procure la paix et le recul dont j’ai besoin. J’ai ressenti ce sentiment chaque fois que j’ai eu l’occasion d’aller dans un monastère. J’y ai vu une force tranquille qui n’avait pas besoin de s’exhiber pour exister. (p. 39) !