Les instituteurs laïcs dans les campagnes au début du XIXe s.

La venue des Frères dans les bourgs, c’est l’arrivée de la modernité pédagogique.

Ce long extrait, souvenir d’enfance d’un frère, force peut-être le trait dans sa description des instituteurs laïques mais il a le souci de ne pas non plus décrire les frères avec trop de complaisance. D’ailleurs ses portraits ne sont pas très éloignés de ce que l’on sait des instituteurs de l’époque : souvent pauvres hères ignorants, sans dignité, contraints par une disgrâce physique d’exercer cette fonction médiocre de sous-clerc qui leur permet néanmoins d’être intégrés à la vie villageoise, mais aussi hommes plus instruits appréciés par leur capacité à débrouiller les affaires des paysans, quitte à s’absenter de leur classe.

En somme le F. Avit montre qu’il n’y a pas de corps enseignant laïque. Nous en sommes toujours à l’instituteur médiéval comme dans bien des communes françaises d’alors.

La venue des Frères dans ce bourg ….

La venue des frères dans ce bourg, c’est au contraire l’arrivée de la modernité pédagogique : il sont en corps, pourvus d’une règle, d’une méthode, d’un programme, d’un objectif christianisateur. Aussi, malgré une réelle médiocrité, que l’auteur ne songe pas à cacher, ce personnel obtient-il des résultats remarquables, face, il est vrai, à une concurrence bien faible.

Nous sommes alors dans l’époque faste des congréganistes : la loi Guizot a imposé une école de garçons à toutes les communes. Les écoles normales départementales, prévues par la même loi, n’ont pas encore eu le temps de former en grand nombre des maîtres laïques compétents.
Les curés, soucieux de disposer d’auxiliaires catéchistes dignes et formés, sont les agents des congréganistes. Les autorités communales encore peu préoccupées d’instruction les laissent faire ou sont ravies que les initiatives ecclésiastiques les dispensent de dépenses coûteuses et de démarches qui leur sont peu familières.

Les congréganistes ont donc une réelle avance

Les congréganistes, dans bien des campagnes ont donc une réelle avance qui va s’amenuiser rapidement car l’État a compris la leçon : il a pris aux frères leur méthode et en créant les écoles normales il copie largement leur mode de formation.

Disposant de moyens infiniment plus importants qu’eux, il sera dès le milieu du siècle en mesure de concurrencer sérieusement les congréganistes sur le marché de l’éducation. Il n’empêche qu’on ne peut dénier à ceux-ci une antériorité dans la création d’un corps enseignant mieux à la hauteur des besoins en instruction et en éducation.

A. Lanfrey : Marcellin Champagnat et les Frères Maristes, p 194

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