Le point de vue des chrétiens : La Croix et la Rédemption

La croyance à la rédemption par la croix, a conduit à des manières de penser discutables et à quelques pratiques religieuses peu saines. Il convient de rappeler quelques vérités chrétiennes fondamentales.

La croyance à la rédemption par la croix, en réalité, a conduit à des manières de penser discutables et à quelques pratiques religieuses peu saines. On trouve soit une sorte de glorification de la souffrance (le dolorisme) conduisant parfois au masochisme ou à un idéal d’obéissance passive. On rencontre aussi une forme d’esprit qui pousse à des calculs concernant la justice divine ou la demande de réparation à travers la souffrance volontaire comme punition à la place des autres, etc.
On pourrait ajouter à cette catégorie la manière dont certains leaders révolutionnaires contemporains glorifient le sacrifice ultime qu’une personne fait de sa vie dans le « saint » combat pour la justice et la libération. En conséquence il convient de rappeler quelques vérités chrétiennes fondamentales.

La croix comme la conséquence de la vie de Jésus

La vie de Jésus en elle-même a valeur de libération et de rédemption. Il montra une liberté intérieure envers la pratique de la Loi religieuse à son époque. Car elle avait été interprétée partiellement de manière contraire à la volonté originelle de Dieu et imposait au peuple des fardeaux inutiles (Matthieu 11:28 ; 23 :4 ; Luc 11 :46). Cette considération s’ajoutait à la fidélité avec laquelle Jésus révélait la vraie face de Dieu comme un père qui aime tous les peuples sans conditions préalables. Cela attira sur lui l’hostilité des chefs de son peuple. En collaboration avec ceux qui avaient perdu confiance en Jésus ces chefs le condamnèrent à mort. Ils le livrèrent au pouvoir des Romains qui le tuèrent conformément à leurs lois en utilisant le supplice traditionnel et cruel de la crucifixion. La mort violente de Jésus fut la conséquence inévitable de tout ce qu’il avait déclenché dans sa vie.

La mort de Jésus sur la croix, aux yeux de ses opposants,
sembla apporter la vérité définitive sur lui : ses prétentions ne pouvaient pas être fondées sur la réalité. Dans le cas contraire Dieu et le monde entier ne pouvaient pas l’avoir abandonné à la mort. Les disciples semblaient avoir été trompés, eux qui avaient cru que Dieu lui-même était présent en Jésus, agissait avec lui et que le royaume de Dieu advenait. L’enseignement de Jésus sur Dieu devait être erroné.

Les disciples, quittant cet état de désenchantement, se mettaient à nouveau à confesser que Jésus était celui qui faisaient connaître Dieu. Cela devait montrer que leurs yeux avaient été ouverts et qu’ils voyaient Jésus, le Crucifié, d’une autre manière et qu’ils étaient capables de le rencontrer autrement.

La mort de Jésus sur la croix n’apportait donc pas la preuve
qu’il était dans l’erreur en affirmant l’amour inconditionnel de Dieu et en agissant en conséquence.
Comme Erhard Kunz SJ l’a écrit :
‘ La mort de Jésus peut aussi être comprise précisément comme une conséquence profonde et [intrinsèque] de cet amour même de sorte que la vision fondamentale de Jésus n’est pas amoindrie mais plutôt confortée par la croix. En effet celui qui est bon pour une autre personne, sans poser de conditions au préalable pour dire comment cet amour et cette bonté pourront se traduire celui-là se tiendra auprès de cette autre personne quelles que soient les circonstances, montrant son attachement à l’autre même et surtout quand il est en danger.
Celui qui aime à la manière de Jésus n’a pas peur de la souffrance et ne se détourne pas d’elle mais il la partage plutôt, manifestant sa compassion, ce qui veut dire, au sens propre, qu’il souffre avec. Dans un monde dangereux et qui a besoin d’aide l’amour conduit à la souffrance (cf Luc 10 : 30-37). Ainsi l’amour tel que Jésus l’a compris ne se sépare pas de ceux qui sont tombés dans le mal. Il supporte le mal et essaie d’en triompher par le bien. En supportant l’injustice et la violence sans succomber à l’amertume un tel amour brise le cercle vicieux basé sur le principe de la vengeance (‘œil pour œil’ !). Confronté à cette sorte d’amour qui ne rend pas les coups quand il est frappé, le mal lui-même s’arrête. Ainsi l’amour conquiert le mal. Ainsi dans un monde mauvais l’amour conduit à endurer une violence injuste, et dans les cas les plus extrêmes une mort injuste (Matthieu 5 : 38-48).

Si Jésus veut témoigner de façon convaincante d’un Dieu qui est amour inconditionnel et sans bornes dans un monde soumis au mal et à la souffrance il ne peut pas échapper à la violence injuste. Ainsi la rencontre avec le danger et la violence ne modifie pas notre vision fondamentale de Jésus, au contraire c’est la manière dont un amour inconditionnel doit se manifester de manière générale dans notre monde. Le bien vers lequel tend l’amour ne peut être atteint dans notre monde que par la compassion et la souffrance qui triomphe du mal. C’est seulement quand le grain tombe en terre et meurt qu’il peut porter du fruit (Jean 12 :24). Dans cette perspective la mort de Jésus sur la croix n’apparaît pas comme une issue fatale, montrant que tout ce qui s’était passé avant était pure illusion, mais plutôt comme l’accomplissement nécessaire du ministère de Jésus. Dans sa souffrance et dans sa mort l’amour de Jésus est extrême (Jean 13 :1). ‘ viii

La signification rédemptrice de la mort de Jésus à la lumière de la Résurrection

En ressuscitant Jésus d’entre les morts Dieu confirme le sens profond qu’il avait donné à la vie et à la mort de Jésus. En le rappelant de la mort à la vie Dieu rend Jésus présent aux vies de tous les peuples et de tous les temps. Cette signification de la vie et de la mort de Jésus font qu’ils sont rendus présents pour nous et qu’ils deviennent pour nous ‘quelque chose de contemporain’.
Parce que Jésus, le Ressuscité, est vivant et présent en Dieu, il est capable aujourd’hui, comme durant sa vie avant la Résurrection, de transmettre au peuple l’amour de Dieu qui pardonne. Parce qu’il est le Ressuscité il a le pouvoir de libérer du péché et de la mort.
Par conséquent toute personne est rachetée dans la mesure où elle choisit volontairement ou non, d’entrer dans la vie de Jésus : c’est-à-dire de vivre avec Jésus et en lui la fidélité à la vérité qui vient de Dieu : aimer ses frères ou sœurs, jusqu’à donner sa propre vie, et accorder son pardon de manière inconditionnelle à ses adversaires et à ses ennemis. Ainsi (l’enchaînement) de la haine, dont la puissance contraint à la fois les malfaiteurs et les victimes est brisé. Bref, à travers la Résurrection de Jésus Dieu fait triompher l’amour sur la haine.

Jésus qui, par sa Résurrection, est Seigneur, Sauveur et Rédempteur transforme sa vie exemplaire et sa mort en une puissance qui peut délivrer des chaînes du péché et de la mort et permet au peuple d’entrer dans la vie du Fils de Dieu.

Par conséquent, avec l’Ecriture, nous pouvons dire : Jésus ne meurt par seulement pour nos péchés, c’est-à-dire comme victime et en sacrifice pour les incompréhensions, l’égoïsme et la haine qui sont toujours parmi nous et présents de manière universelle mais aussi pour nous c’est-à-dire pour nous ouvrir un chemin de libération en nous délivrant de nos péchés et en nous donnant la force et la grâce nécessaires à notre libération.

D’après un texte diffusé en anglais sur Internet
cf : http://www.answers-to-muslims.com/

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