Longtemps, dans l’Église, on a lu ces versets de l’Évangile au premier degré :
« Je suis le chemin, la vérité, la vie ; nul ne va au Père que par moi » (Jn 14, 6),
ou encore :
« Nul, s’il ne naît de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer dans le Royaume de Dieu » (Jn 3, 5).
Alors, que devenaient les musulmans, les bouddhistes, animistes, etc. qui n’avaient pas connu le Christ et qui n’avaient pas été baptisés ? Saint François-Xavier traversait les mers pour aller baptiser des païens et « les arracher aux mains de Satan ».
On prenait à la lettre la parole de saint Cyprien (IIIe siècle) qui a écrit :
« Hors de l’Église, pas de salut ! »
On comprenait qu’en dehors de l’appartenance par le baptême à l’Eglise catholique et apostolique, il n’y avait ni salut, ni vie éternelle.
Et pourtant, l’Église a depuis toujours reconnu
- que des catéchumènes morts sans le baptême étaient sauvés s’ils avaient été martyrs. On parlait alors du baptême de sang.
- Plus tard, on a admis que ces multitudes de justes qui n’avaient jamais connu Jésus-Christ pouvaient être sauvés, s’ils avaient cherché loyalement la vérité et obéi à leur conscience. On disait qu’ils pouvaient avoir le baptême de désir, car s’ils avaient pu connaître la vérité, ils auraient demandé le baptême.
Si l’on prend cet autre Évangile du « jugement dernier » (Mt 25, 31-46), Jésus n’avait pas pris comme critère du salut le fait d’être baptisé mais l’obéissance au commandement de l’amour du prochain.
Récemment le pape Benoît XVI a déclaré que les « limbes » étaient une fiction, et qu’un petit enfant, même non baptisé, était enfant de Dieu qui l’avait créé et méritait d’être sauvé par son Fils.
Il reste cette parole de saint Paul :
« Dieu notre Sauveur veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1 Tim 2, 3).
En fait, tous les hommes sont enfants de Dieu parce qu’il les a aimés de toute éternité. Ceux qui sont baptisés ont ceci en plus l’amour du Père leur a été manifesté, ils peuvent entrer en relation avec lui dans la personne de son Fils, et ils ont davantage à rendre grâces.
Jésus lui-même a rencontré des païens.
Il a été émerveillé par leur foi. Dans la région de Tyr, une Cananéenne vient à lui pour qu’il guérisse sa fille de l’emprise d’un démon. Jésus commence par l’éconduire en donnant ses priorités :
« Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants pour le jeter aux petits chiens » ;
le salut, c’est d’abord pour Israël. Mais la femme, évidemment inspirée, a cette repartie qui va déstabiliser Jésus :
« C’est vrai, Seigneur, mais justement les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. »
Alors, Jésus lui dit :
« Femme, ta foi est grande, qu’il t’arrive comme tu veux ! »
Dieu accorde donc son salut à tous les hommes de bonne volonté,
chrétiens ou non et, à ce titre, il les reçoit dans son Royaume, même s’ils ne sont pas encore dans son Église. Certains peuvent parvenir au salut sans avoir connu Jésus-Christ, mais tous sont sauvés par la croix et la résurrection de Jésus. Saint Paul, après avoir dit que Dieu veut que tous les hommes soient sauvés, ajoute :
« Il n’y a qu’un seul Dieu et qu’un seul médiateur entre Dieu et les hommes : Christ Jésus, qui s’est donné en rançon pour tous » (1 Tim 2,5).
Bernard Boulanger
(D’après l’article publié dans la « Revue St-Joseph d’Allex » n°1008, septembre – octobre 2009)