Comment parler de Marie ?

Parler de Marie n’est pas facile. « Tout discours sur Marie est non seulement inadéquat mais pénible. » "Si nous restons au plus près des Évangiles nous nous apercevons que l’histoire de Marie s’apparente à un itinéraire dans la foi que tous les croyants sont invités à emprunter."

Cette question, un prêtre me la confiait récemment : « Oui, comment bien parler de Marie ? reprenait-il. Si, dans une homélie, je m’embarque dans une explication dogmatique, des paroissiens me reprochent l’aridité de mes propos, jusqu’à mettre en doute ma foi en la Mère de Dieu. Et si d’aventure j’évoque la figure de la Vierge Marie en termes plus sensibles, d’autres paroissiens me reprochent ma dévotion sentimentale dénuée de tout fondement rationnel… »

Parler de Marie n’est pas facile,
l’embarras de ce prêtre l’atteste, alors même que son amour pour elle n’a jamais été mis en défaut.
Le P. François Varillon le reconnaissait lui-même :
« Tout discours sur Marie est non seulement inadéquat mais pénible. Un décrassage est à opérer, et il est possible qu’il ne soit pas opérable. »

Sainte Thérèse de Lisieux renchérissait :
« Pour qu’un sermon sur la Sainte Vierge me plaise et me fasse du bien, il faut que je voie sa vie réelle et non pas sa vie supposée. On la montre inabordable, il faudrait la montrer imitable, dire qu’elle vivait de foi comme nous. »

Parler de Marie n’est pas simple
et pourtant, en ce domaine, on pèche par excès autant que par défaut. Comme y invite le Concile Vatican II, il faut s’abstenir « de toute fausse exagération et non moins d’une excessive étroitesse d’esprit » (Lumen gentium n°67)
À la mariologie triomphale d’antan, il convient désormais de substituer la sobriété chaleureuse des mots qui seule rend compte à la fois de la concision de la définition dogmatique et de la prière profonde de l’Église. Sinon, la dévotion que l’on porterait à Marie tomberait vite dans le folklore.

Sa foi écoute, intériorise. Sa foi révèle, interpelle.

Si nous restons au plus près des Évangiles nous nous apercevons que l’histoire de Marie s’apparente à un itinéraire dans la foi que tous les croyants sont invités à emprunter. Témoin des paroles surprenantes de l’ange qui lui sont adressées, mais aussi témoin de leur flagrant démenti au pied de la Croix, Marie accompagne le Christ dans le silence et la prière. Sa foi questionne, interroge. Sa foi écoute, intériorise. Sa foi révèle, interpelle.

Oui, parler de Marie oblige à parler de Dieu et du Christ,
à évoquer l’œuvre de Dieu en elle. Car Marie accueille en sa personne le présent de Dieu, tout à la fois histoire féconde de Dieu avec Jésus et don offert à toute l’humanité. Parler de Marie revient alors à questionner notre propre chemin dans la foi, nous qui acceptons de laisser naître le Christ en nous.
De Marie, on ne dira peut-être « jamais assez » (selon le mot de saint Bernard), mais on ne dira jamais rien de satisfaisant d’elle seule. Au contraire, sœur de tout croyant, mère de tout vivant, elle se révèle à nous mère, femme, disciple. Autant de liens qui nous rattachent à elle et dont nous avons à rendre compte en Église, par la prière liturgique, les homélies et la vénération qui lui est due.

(P. Sylvain Gasser, Assomptionniste, dans le journal La Croix du 24 novembre 2007)

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