Chaque apparition authentique de la Vierge est une grâce originale accordée par Dieu à son peuple pour l’humanité entière, donc comportant sa part de gratuité qui échappe à tout calcul, à toute spéculation.

Si l’événement de Lourdes renvoie à d’autres manifestations du même ordre, ce n’est en quelque sorte qu’à la manière d’un jeu de miroirs ou de prismes en lesquels se réfracte le mystère de l’amour divin dont les merveilles, variables à l’infini, n’en conservent pas moins chacune son unicité, son originalité, sa signification.
Un message unique : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le »
Le seul point commun aux mariophanies - néologisme cher au philosophe Jean Guiton, qui l’inventa pour définir le phénomène - est l’identité de Celle qui se montre pour ne délivrer toujours, suivant des modalités diverses, qu’un message unique, celui-là même (le seul) qu’elle formula au cours de sa vie terrestre et que nous rapporte l’Evangile de saint Jean : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le » Jn 2,5).
Par là, Marie nous renvoie à la personne du Christ, à sa Parole, mais aussi à l’Eglise qui a reçu mission d’annoncer cette parole, de proclamer la Bonne Nouvelle du Salut : toute apparition mariale authentique ramène à l’Evangile et, partant, à la mission évangélisatrice de l’Eglise.
Jamais voyant n’aura été sur ce point aussi explicite que Bernadette Soubirous déclarant à son curé, le peu commode abbé Peyramale : « Je ne suis pas chargée de vous le faire croire, je suis chargée de vous le dire ».
La mission du voyant n’est autre que de reformuler la Parole : non pas sa parole, mais l’unique, éternelle et irréfragable Parole, objet de la mission de l’Eglise. A ce titre, elle est vocation, à l’évidence ardue, qui ne saurait se confondre avec de pseudo-missions dont se sont cru investis même des voyants authentiques, allant jusqu’à prétendre les substituer à la mission évangélisatrice de l’Eglise.
Les critères d’authenticité
Le premier critère d’authenticité d’une apparition mariale est son ecclésialité. De ce point de vue, Lourdes fait figure de modèle et il est intéressant de constater, avec le recul d’un siècle et demi, combien l’événement répond aux critères positifs énoncés par les Normes évoquées précédemment. Que ce soient les faits eux-mêmes, leurs fruits ou la personnalité de la voyante, les apparitions de Lourdes sont d’une telle limpidité qu’elles emportent l’adhésion : on n’y rencontre aucun élément susceptible de jeter la suspicion sur l’équilibre psychologique de Bernadette, sur la véracité de son expérience, sur la force et la qualité de son témoignage.
Plus de cinq cents cas d’apparitions allégués
dans le monde entier
A l’heure actuelle, plus de cinq cents cas d’apparitions sont allégués dans le monde entier. Le phénomène Medjugorje a été le détonateur d’une véritable épidémie de manifestations de cet ordre, qui submergent les cinq continents.
Si l’Italie et l’Espagne, par tradition terres mariales, comptent toujours un nombre non négligeable de mariophanies, celles-ci touchent aujourd’hui en masse des pays qui y étaient jusque-là réfractaires, tels les Etats-Unis, alors que l’Afrique ou l’Amérique latine sont gagnées à leur tour par le phénomène : il ne se passe pas un mois sans qu’on signale, ici et là, un nouveau cas.
Or il est inconcevable que tous les faits répertoriés depuis 1981, dont la plupart durent depuis des années, soient authentiques : l’apparition est par définition un événement rare, une grâce exceptionnelle. A la (dé)multiplier, on court le risque de banaliser le surnaturel et de vider la grâce de sa substance.
Le Figaro : « 1858-2008 : Lourdes, de Bernadette à Benoît XVI »