Ignace [de Loyola] a créé une méthode au moyen des exercices spirituels qu’il a rédigés et qu’il nous a laissés en héritage, non pas seulement pour son ordre, mais pour tous les hommes afin qu’ils puissent s’exercer dans la familiarité avec Dieu et avec Jésus-Christ et afin qu’ils puissent apprendre à discerner les esprits et arriver à des décisions de conscience. Dans ces exercices il existe des règles qui permettent de faire un choix sain et bon. Elles ont aujourd’hui une actualité nouvelle. (C. M. Martini, le rêve de Jérusalem, p. 125)
Saint Ignace nous donne des « règles pour discerner les esprits ». Quelles sont-elles ?
Ignace cite trois « moments » pour une décision. Le premier est celui de la raison ; elle constitue la base.
Pour une décision, on peut peser les motivations.
Quels sont les arguments « pour » et « contre » ? Il est possible ici de dresser de façon tout à fait rationnelle la liste des avantages et des inconvénients.
Le second moment consiste à noter nos sentiments.
L’un ou l’autre éveille certains sentiments, obscurs ou clairs, pénibles ou brillants – on voit se réaliser un rêve. Lorsque la décision possible enveloppe tout d’une lumière rose, il faut être prudent. Ignace parle de l’« esprit malin » qui nous séduit et nous trompe. En revanche, si le choix suscite le calme, la probabilité est grande qu’il s’agisse de la bonne décision, déterminée par le « bon esprit ».
Outre la raison et les sentiments, il existe parfois une troisième possibilité : l’intuition.
Tout à coup, quelque chose devient clair pour toi : tu sais immédiatement et à coup sûr ce qui est bon pour toi. Par exemple, tu interromps tes études et tu feras une année de travail social.
Dans ce cas tu dois te demander comment cette décision s’ajuste à ta ligne de vie. La décision s’ajuste-t-elle bien et est-elle une continuation de ton activité sociale qui a commencé de longue date ? Ou bien est-elle entièrement nouvelle et contredit-elle tout ce que tu as fait jusqu’ici ? Dans le second cas, tu dois être prudent. Ici, à nouveau, l’« esprit malin » pourrait-être à l’œuvre comme dit Ignace.
Ce qui à première vue apparaît « bon » ne s’avère pas forcément « bon » à long terme. L’« esprit malin » porte des masques, se déguise, présente l’apparence du bien – ce sont les tentations auxquelles nous pouvons être soumis. Le « discernement des esprits » peut donc s’apprendre. Il aide à servir Dieu et à profiter « plus » de sa propre vie. ( p. 67)
Carlo Maria Martini, Le rêve de Jérusalem, DDB 2009