« Mille convocations voluptueuses nous assiègent désormais, partout. »
Un extraordinaire tapage sexuel colonise aujourd’hui jusqu’au moindre recoin de la modernité démocratique. Plaisir promis ou exhibé, liberté affichée, préférences décrites, performances mesurées ou procédures enseignées à tout va : aucune société avant la nôtre n’avait consacré au plaisir autant d’éloquence discursive, aucune n’avait réservé à la sexualité une place aussi prépondérante dans ses propos, ses images et ses créations.
Qu’on s’en réjouisse ou qu’on s’en étonne, une évidence s’impose : mille convocations voluptueuses nous assiègent désormais, partout, sans relâche ni mesure. S’en offusquer n’aurait pas beaucoup de sens ni de portée. Voilà le sexe devenu le « bruit de fond » de notre vie quotidienne. Au regard des époques antérieures, fussent-elles grecque ou romaine, la nôtre ne parle littéralement que de « ça ». Pour en dire quoi au juste ?
Extrait de Jean-Claude Guillebaud : La tyrannie du plaisir, p. 16