Le retour du scientisme

Le rôle grandissant joué dans les prétoires et auprès des magistrats par les « experts » de toutes sortes est l’un des phénomènes les plus inquiétants et les moins souvent dénoncés.

Le rôle grandissant joué dans les prétoires et auprès des magistrats par les « experts » de toutes sortes - psychiatres, sexologues, sociologues ou neurologues - est l’un des phénomènes les plus inquiétants et les moins souvent dénoncés qui soient.
D’abord parce qu’il est le signe d’une dérive « psychologisante » du droit que les juristes sont les premiers à dénoncer.
Ensuite parce que ce recours éperdu à une rationalité prétendument scientifique témoigne d’une naïveté paradoxale. Elle est plus dangereuse qu’on ne serait tenté de le croire.

Rétifs à tout discours moral normatif, instinctivement rebelles à tout jugement de nature éthique, fondé sur la croyance et la responsabilité, nous capitulons sans problème devant la fausse majesté du médical. Soupçonneux à l’endroit des institutions, du politique, du social, nous redevenons des superstitieux idolâtres face au « savant » qui énonce ses conclusions. Ce savoir-là nous impressionne. Nous perdons en sa présence notre sens critique. Nous acceptons ses diagnostics avec docilité. Mieux encore, nous revendiquons cette sollicitude thérapeutique. Il faut voir avec quelle facilité apparente, au sujet de tragédies familiales ou personnelles, le verdict d’un de ces experts est pieusement reçu, de préférence à toute autre considération. Rejetant avec dédain le moraliste, le philosophe ou le prêtre, nous consentons ainsi à faire de Diafoirus notre nouveau directeur de conscience…

J.C. Guillebaud : La tyrannie du plaisir, p.397

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