JMJ ou rave party ?
Existe-t-il, néanmoins, une différence entre le jeune qui va chercher l’ivresse dans une rave ou une fête techno et celui qui fréquente les JMJ ? La réponse est complexe.
Pour certains, c’est peut-être la même chose, mais pour d’autres participer aux JMJ va représenter un moment fondateur, où les jeunes prennent conscience qu’ils ne sont pas seuls.
Quand la démarche s’inscrit dans un cheminement plus long, ceux-ci peuvent alors s’appuyer sur de tels moments, à l’image de ce qu’il en est dans une relation amoureuse. Et puis après, si le jeune rejoint une église, celle-ci lui propose une éthique, une démarche d’accompagnement et l’engage à participer à des activités communautaires, avec des règles d’entraide. De plus, les JMJ en elles-mêmes sont structurées autour d’un certain nombre d’enseignements fort sérieux qui n’ont rien de la « teuf » techno.
Dans les raves, la recherche peut sembler identique mais, en fait, la mise en avant de l’extase apparaît plus importante, avec en même temps une dimension « mystique » de type parfois mortifère. La limite de la rave est qu’elle entraîne dans une forte solitude, à travers une agrégation qui n’est pas une vraie communion. Et rien ne suit après, pour récupérer psychologiquement les jeunes ou les accompagner.
Les ados vivent peut-être une désaffection pour la religion, il n’empêche qu’ils sont en recherche d’événements communautaires fondateurs et en quête, beaucoup plus sauvage celle-là, de moments mystiques.
A travers la musique, ils poursuivent des réalités non formulées, qui apparaissent souvent de l’ordre de l’espace intérieur. La musique crée pour eux une intériorité, un peu comme une prière, alors que les adultes y voient surtout un plaisir esthétique.
Ainsi, pour un ado, une messe qui « passe bien » suppose d’être accompagnée d’une bonne musique.
Jacques Arènes, « N’ayons pas peur des ados » p 116