Ressentir l’extase.
Les ados, eux, sont attirés par ces phénomènes extatiques. Il en est ainsi comme pour la musique : pourquoi sont-ils aussi fascinés par elle ? On peut l’expliquer comme une ouverture à l’extase et à la transe. Ecouter de la musique en fusionnant avec elle permet de sortir de soi.
En un sens, dans ce cas, les ados se montrent proches des chrétiens charismatiques avec lesquels ils s’entendent bien, d’ailleurs. Car le Renouveau, en dehors des aspects proprement spirituels du mouvement, rejoint un peu cette démarche chaleureuse de transe, pour être en communication et se relier aux autres. Dans notre société, dans ce monde froid, où l’on se sent moins reliés ensemble qu’avant, la symbiose est activement recherchée.
Pour un sociologue comme Durkheim, la religion réside dans l’affectivité chaude fusionnelle, cette communion qui dépasse les consciences présente dans la théologie chrétienne, à travers l’Eglise considérée comme corps du Christ.
Elle existe aussi dans le judaïsme, comme l’exprime un tableau de Chagall, du musée de Nice, où l’on voit le peuple juif dans le désert qui forme le corps de Moïse.
Chez les jeunes, ce désir de fusion trouve son exutoire dans la musique.
Reste qu’il est important qu’ils ne demeurent pas toujours dans le ressenti ; il faut qu’ils en parlent, et qu’on entende ce qu’ils en disent.
Jacques Arènes, « N’ayons pas peur des ados » p.114