Une lecture fondamentaliste refuse même d’admettre des différences entre les quatre évangiles. Or, ils sont bien quatre, et non pas un seul, pour désigner les mêmes événements, sans qu’on puisse toujours en harmoniser les données. Ce nombre pluriel oblige à prendre de la distance à leur endroit, non pas pour les ruiner, mais pour mieux saisir la perspective propre à chacun, en fonction des exigences pastorales et missionnaires des églises d’où ils ont surgi.
Inversement, on appelle rationalisme, en matière biblique du moins, le fait de récuser l’événement raconté pour en réinventer un autre à sa mesure (par exemple, selon Paulus au XVIIIe siècle, Jésus aurait dissimulé des pains, la veille de leur soi-disant multiplication).
Tout peut être réinventé à notre convenance. C’est du fondamentalisme à l’envers, au même niveau d’une fausse immédiateté.
Il importe donc de s’attacher aux textes tels qu’ils sont, pour en mesurer le langage, en dire la fonction propre et les situer dans le temps qui est le leur, à l’aide d’un questionnement de type socio-historique.
Charles Perrot « Jésus » p. 34