Les « sectes » au temps de Jésus

Les sadducéens, les pharisiens, les esséniens, les scribes, les zélotes

A l’époque de Jésus donc, divers mouvements religieux, appelés sectes dans le langage du temps (le sens du mot a ensuite évolué), se partageaient les esprits. Énumérons quelques-uns de ces groupes à partir des indications fournies par l’historien juif Flavius Josèphe, l’historiographe de la maison des Flaviens à la fin du II° siècle de notre ère.

Mentionnons d’abord le groupe des sadducéens, comprenant surtout des notables, appelés Anciens, souvent liés au monde des hautes classes sacerdotales, et donc aux Grands Prêtres qui dirigeaient le Temple de Jérusalem.
Ces milieux étaient très conservateurs à tous les niveaux. De leur côté, les pharisiens et les esséniens constituaient plutôt l’élite cultivée et religieusement active de l’époque, mais de manière différente.

Les scribes d’obédience souvent pharisienne avec leurs disciples pharisiens (le mot signifie séparés) formaient des petits groupes de purs, voulant parfaitement vivre selon toutes les règles de la Loi de Moïse, y compris les règles de pureté rituelle.
Ils n’en demeuraient pas moins assez proches du « peuple du pays », et ils s’attachaient en particulier à en élever le niveau religieux lors du matin du sabbat dans les synagogues.

Pour leur part, une intense soif religieuse traversait aussi le ou les groupes dits esséniens (le mot signifie saints), accompagnée d’une plus grande minutie encore dans le respect des règles de pureté rituelle. Cette fois, la Communauté de la nouvelle Alliance séparait radicalement les « fils de lumière » des enfants de la ténèbre et regroupait les justes et les purs de leur obédience.
Les esséniens s’isolaient et s’enfermaient sur eux-mêmes, sans compromission avec le clergé de Jérusalem et tout le reste d’un Israël devenu souillé.

En plus de ces trois groupes religieux dont parle Josèphe, d’autres devaient surgir encore, certains animés par le désir de bouter les Romains hors du pays (ainsi les brigands, les sicaires et plus tard les zélotes).

D’autres, tels des prophètes eschatologiques à la manière de Jean le baptiste, annonçaient la venue prochaine de la fin des temps. D’autres encore, près d’Alexandrie par exemple, constituaient des groupes de serviteurs de Dieu, dits thérapeutes, d’allure monastique (le mot grec monastèrion apparaît ici pour la première fois dans la littérature ancienne). Et tout cela, sans parler de l’ensemble du petit peuple, largement divisé selon sa situation en Judée ou en Galilée, et a fortiori en Samarie considérée alors comme une terre hérétique.

Les documents de Qumrân, comparés à l’ancienne documentation juive jusque-là connue, ont donc permis de mieux situer Jésus dans ce monde en pleine ébullition. Non point qu’ils mentionnent le nom de Jésus, car ils sont généralement antérieurs à lui, mais dans le fait même de permettre une reconstruction plus précise des milieux juifs de ce temps. Par analogie ou par contraste, les paroles et les gestes de Jésus, relevés dans les évangiles, prennent alors un singulier relief.

(Charles Perrot, « Jésus », p. 14)

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