Ce qui est révélé en premier lieu dans la Bible, ce n’est pas le Dieu créateur mais le Dieu libérateur. Ce qui est au cœur de la Bible, c’est l’Exode, c’est-à-dire le mystère de la libération d’Israël.
Et ce qui est au cœur de notre foi chrétienne, c’est notre accès à la liberté même de Dieu, ce que nous avons appelé notre divinisation, avec la phrase clé que je répète : nous sommes sur terre pour devenir par participation ce que Dieu est par nature.
Dans la Bible, nous n’entendons pas Dieu dire d’abord au peuple hébreu : « C’est moi qui t’ai créé » mais bien : « C’est moi qui t’ai libéré, c’est moi qui t’ai fait sortir de l’esclavage de la maison d’Egypte. » Ce n’est que très tardivement que les juifs se sont posé la question de la création.
Aussi faut-il lire la Bible non pas en commençant par le commencement du livre mais par le commencement de l’expérience qui a donné naissance au livre et qui est celle du peuple d’Israël. Je dis bien et j’insiste : l’expérience, le vécu, le concret, le réel par opposition au notionnel, au conceptuel, à l’abstrait. Faire l’expérience d’une poire ou d’une pomme, c’est la manger, ce n’est pas la décrire avec des mots.
François Varillon, extraits de ses conférences
cf « Joie de croire, joie de vivre », p. 145