Les Convertis du XX°s : Maritain, Péguy, Ernest Psichari, Claudel, Mauriac, Jean Cocteau…
Le renouveau catholique s’amorce dès le début du XX° siècle avec le mouvement de conversion d’intellectuels.
Pour certains d’entre eux, c’est un retour à la foi de leur enfance, mais pour d’autres, c’est une véritable découverte, l’accès à une réalité spirituelle nouvelle.
Commencé avant la guerre de 1914-1918, avec des figures comme Maritain ou Péguy, le mouvement se poursuit et s’amplifie dans les années vingt. Le cas de Jacques Maritain et d’Ernest Psichari apparaissent tout à fait exemplaires : ils sont en effet l’un et l’autre issus de familles traditionnellement laïques et républicaines.
Maritain est le petit-fils de Jules Favre, un des fondateurs de III° République, Psichari a, lui aussi, un grand-père célèbre, Ernest Renan, auteur d’une Vie de Jésus qui avait fait scandale par sa perspective critique. Parfois, ces conversions s’accompagnent d’une prolongement politique comme le montrent les affinités de plusieurs avec l’Action française de Charles Maurras, du moins dans un premier temps.
On a bel et bien le sentiment que les petits-enfants répudient les idées de leurs grands-pères pour revenir à la foi de leurs ancêtres. Un tel mouvement intellectuel et spirituel apparaît vraiment comme une rupture, provoquant parfois des conflits violents comme on le voit chez Péguy et Maritain.
Le phénomène des conversions individuelles revêt d’autant plus d’éclat et trouve d’autant plus d’échos qu’il touche principalement le monde des écrivains et des artistes. Qu’on pense à Jean Cocteau et Henri Ghéon, à l’influence personnelle de Paul Claudel, à Alain-Fournier et Jacques Rivière, rédacteur en chef de la Nouvelle Revue Française, à Péguy !
S’opère ainsi une sorte de conjonction assez exceptionnelle entre ce renouveau catholique et un foisonnement artistique et littéraire de premier plan. De 1920 à 1950 environ, la littérature catholique jouit d’un prestige incomparable dans les lettres françaises. Elle touche à la fois au théâtre avec Claudel, au roman et la polémique avec Bernanos et Mauriac, à la philosophie avec Maritain, à la poésie avec Péguy. Il est difficile alors pour un observateur attentif ou un critique simplement honnête de considérer le catholicisme comme une vieillerie, bonne à jeter.