Fr. Varillon : Que dire de la vie éternelle ?

La vie éternelle n’est pas un grossissement de ce que nous appelons ici-bas le bonheur ?

Le vie éternelle, un repos ?

La Bible (…) nous présente la vie éternelle comme un repos et nous avons tendance à imaginer la vie éternelle dans la ligne de ce repos auquel nous tenons dans la vie terrestre lorsque nous sommes fatigués. Lorsque nous laissons vagabonder notre imagination sans la corriger par la réflexion, nous nous représentons cette vie éternelle comme une sorte de farniente éternel.

La liturgie, me direz-vous, nous y encourage, puisque dans l’office des morts, nous disons ‘ donne-leur, Seigneur, le repos éternel’. Seulement, la liturgie suppose que nous sommes intelligents, c’est élémentaire !

La vie éternelle, un festin ?

On nous représente également la vie éternelle comme un festin, un banquet parce que, dans la vie présente, le repas en commun est le signe de la fraternité, de la paix et de la joie. En nous parlant du festin éternel, on nous fait projeter dans l’avenir le présent tel quel. Cela est proprement mythique et il faut reconnaître que la Bible, l’Evangile lui-même ont des aspects mythiques qui demandent à être sérieusement critiqués.

La Parole de Dieu est une parole humaine

Ne soyez pas scandalisés quand je vous dis que l’expression biblique doit être critiquée. La Parole de Dieu est une parole humaine. Jésus s’adressait aux hommes de son temps et, voulant être compris par eux, utilisait les vieux mythes qui pouvaient leur parler. Le propre de la théologie est de critiquer au bon sens du mot, c’est-à-dire de faire la critique, de réfléchir, de comprendre ce qu’il y a sous le mythe, de telle sorte que notre imagination ne cède pas à la tentation proprement infantile de projeter dans l’avenir le présent tel quel sans transformation.

La vie éternelle, un grossissement de ce que nous
appelons ici-bas le bonheur ?

Nous avons donc tendance à nous imaginer le bonheur du ciel comme un grossissement de ce que nous appelons ici-bas le bonheur (repos, festin, etc.) alors qu’en réalité, le bonheur du ciel est le bonheur même de Dieu.

Etre divinisés, aller au ciel comme dit le catéchisme, ce n’est pas gravir une montagne, ce n’est pas aller dans un lieu, c’est participer à la vie divine. Or Dieu n’est qu’amour, donc la vie éternelle consiste uniquement à aimer, à sortir de soi, à ne pas penser à soi, à ne pas se replier, se recourber sur soi, à faire passer les autres avant soi. Tel est le bonheur du ciel.

François Varillon, extraits de ses conférences
cf « Joie de croire, joie de vivre », p. 37

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