Observons un instant la situation actuelle et raisonnons, puisque la politique officielle nous y oblige, en termes de clivage.
D’un côté sont les clercs, en petit nombre, à l’assise sociologique considérablement plus étroite qu’hier, investis de fonctions si lourdes que déjà ils ne peuvent plus les tenir. On cache comme une maladie honteuse la détresse des prêtres, jetés dans des situations si invivables qu’elles en deviennent inhumaines, à cause de conditions de vie et de travail insupportables - dizaines de clochers, responsabilités multiples et fractionnées. Où est l’attention aux hommes ?
Qu’ils nous soient ici permis de faire une incise : lecteurs, lectrices, entendez-nous bien. Nous condamnons le cléricalisme, mais pas les clercs. Ils en sont les premières victimes. Les prêtres souffrent plus que les laïcs. Ils ont besoin de notre présence et notre amitié fraternelle. D’autant que la crise récente a ajouté un discrédit et un soupçon, certes injustes, mais hélas, bien réels.
De l’autre, les laïcs, bien plus nombreux, de mieux en mieux formés, qui accomplissent des tâches d’annonce de l’Evangile dans les aumôneries scolaires, hospitalières, pénitentiaires, dans des lieux d’écoute, dans le domaine caritatif, des laïcs qui vivent dans le monde. De surcroît, ils prennent une place qui sera bientôt dominante dans tous les domaines de la pensée religieuse autrefois quasi exclusivement réservés aux clercs : histoire des religions, exégèse, théologie fondamentale et morale…
Anne Soupa et Christine Pedotti,
« Les Pieds dans le bénitier », p. 183