La conception paulinienne de l’Église est elle aussi irriguée par l’expérience de cette union transformante au Christ. Tous les saints sont dans le Christ Jésus et c’est « dans le Christ » que les aime l’apôtre.
Les croyants forment un corps mystique puisqu’au baptême chacun « revêt le Christ » et que le banquet eucharistique est constitué par la communion de tous au Corps du Christ.
Plus tard, le paulinisme développera plus systématiquement encore le thème de l’Église Corps du Christ, mais Paul a d’ores et déjà dépassé la perspective sectaire si commune à son époque et à son milieu, où l’appel à la conversion engageait personnellement le disciple au maître, au risque de créer une relation exclusive.
A travers le Christ, il acquit très tôt, et sans doute le premier, une conscience d’Eglise.
Le croyant est entré dans le monde de Dieu en revêtant le Christ ; l’apôtre est le témoin et le garant de la transfiguration finale qui lui est promise. Pourtant chaque parcours est particulier et les fidèles n’ont pas à reproduire celui de l’apôtre. Chacun est renvoyé à sa propre intériorité pour vivre personnellement l’aventure de la foi et devenir à son tour un modèle.
On peut définir la doctrine de Paul comme une théologie de l’imitation, dans le sens évidemment d’une union mystique au Christ et non d’un simple mimétisme.
M. Fr. Baslez, St Paul p. 92 (Fayard 1991)