C’est l’absence de Dieu qui l’emporte dans notre paysage culturel

Dieu est à la fois oublié, refoulé, traité comme un absent ou comme une illusion.

Mais soyons honnêtes ou réalistes ! Ces deux phénomènes, si dangereux qu’ils soient, ne sont probablement pas les plus répandus.

Claude Dagens méditations

C’est l’absence de Dieu qui l’emporte dans notre paysage culturel. Dieu est à la fois oublié, refoulé, traité comme un absent ou comme une illusion.

Il y a déjà près de quarante-cinq ans, en 1962, Madeleine Delbrêl, pourtant affrontée à la force de l’athéisme marxiste, pressentait cette nouvelle situation :
« Un péril majeur s’approche de l’Église sans bruit : le péril d’un temps, d’un monde où Dieu ne sera plus nié, pas chassé, mais exclu, où il sera impensable : d’un monde où nous voudrons crier son nom, mais où nous ne pourrons pas aller pousser ce cri, parce que nous n’aurons plus de place où mettre les pieds. »

En termes bibliques, on pourrait dire que les croyants sont comme des exilés : chassés de leur terre natale, séparés plus ou moins violemment de leurs origines et condamnés à attendre une libération qu’ils ne voient pas venir.
Le pire est quand cette exclusion de Dieu s’accomplit dans une espèce de torpeur ou de résignation générale, comme s’il fallait s’habituer au règne du néant, avec ses formes innombrables, visibles ou cachées.

Cette exclusion de Dieu s’accompagne parfois d’une fascination pour ce qu’il représente

Mais il faut reconnaître que cette exclusion de Dieu s’accompagne parfois d’une fascination pour ce qu’il représente et que l’on désigne en prononçant les mots « sacré », « religieux » ou « spirituel ». Régis Debray, et d’autres, à leur manière, nous avertissent :
« Gens de la modernité, vous vous trompez sur Dieu ! Il ne fait pas seulement partie du passé de notre culture ! Il demeure un horizon, ou un chemin, ou la source d’un questionnement ininterrompu, que l’on soit croyant ou non ! »

À nous, croyants, de relever ce défi, en nous engageant dans la recherche, le désir et la connaissance de Dieu ! Nous ne sommes pas les défenseurs d’une cause perdue. Nous avons à reprendre conscience de la nouveauté de Dieu : Dieu vivant, Dieu personnel, Dieu qui se dit dans l’histoire, Dieu qui s’ouvre aux hommes et qui prend figure humaine, jusqu’à devenir l’un d’entre nous.

Pour le dire autrement, même si nous sommes loin des craquements de 1968, il est possible, comme le fit à ce moment-là Maurice Clavel, de proclamer sans crainte : « Dieu est Dieu, nom de Dieu ! ». Et nous avons la liberté de croire en Lui, de nous lier à Lui, de témoigner de Lui d’une façon renouvelée, ou plutôt de témoigner de sa propre nouveauté, toujours si méconnue.

Mgr Claude Dagens : « Méditations sur l’Eglise catholique en France » p. 67

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