Le Dieu dont nous parle la Bible n’est pas le Dieu de Parménide, symbole de l’impassible permanence de l’être . Il est totalement engagé dans la dynamique de sa relation à l’homme. Il se révèle dans le mouvement de la vie, dans un jeu sans fin de mystère et de dévoilement, de lumière et d’obscurité.

Il nous veut en chemin, marchant vers une lumière entrevue comme les mages cherchant le nouveau-né dans la nuit guidés par la faible lueur d’une étoile. La vie chrétienne est parfois présentée comme un pèlerinage, une longue montée vers la lumière.
Les choses seraient simples s’il en était ainsi. Dans la réalité, même pour les meilleurs, c’est parfois l’inverse : la mort est précédée d’une descente dans la nuit. Au lieu de la sagesse espérée, c’est la peur, la révolte ou la résignation, le sentiment de solitude, quand ce n’est pas la perte de la raison.
Les plus grands saints - le cas de Thérèse de Lisieux est bien connu - ont traversé de terribles périodes d’obscurité qui ont mis leur foi à rude épreuve.
Rien n’est jamais acquis, aucune connaissance de Dieu n’est garantie en laquelle on puisse se reposer en toute quiétude. La foi n’existe que pour être sollicitée comme capacité à voir au-delà de la nuit, à discerner dans le cheminement obscur d’une vie blessée à mort la promesse d’une nouvelle naissance.
Mais aucun croyant ne serait capable de ce dépassement s’il n’avait jamais rien connu de ce qui lui est promis. La vie spirituelle n’est pas une voie de progrès continu et cumulatif, mais elle repose sur des moments de grâce, des fulgurances discontinues dont l’épisode de la Transfiguration fournit l’archétype.
(Bernard Perret : La logique de l’espérance p. 128-129 )