Si l’amour est don et accueil, il faut bien qu’il y ait plusieurs personnes en Dieu. On ne se donne pas à soi-même, on ne s’accueille pas soi-même. La vie de Dieu est cette vie d’accueil et de don. Le Père n’est que mouvement vers le Fils, Il n’est que par le Fils. Mesdames, ce sont bien vos enfants qui vous donnent d’être mères ; sans vos enfants, vous ne seriez pas mères. Or le Père n’est que paternité, donc il n’est que par le Fils et il n’est que pour le Fils. Le Fils n’est que Fils, il n’est donc que pour le Père et par le Père. Et le Saint Esprit est le baiser commun.
La vie de Dieu étant dans cette vie d’accueil et de don, puisque je dois devenir ce qu’est Dieu, je ne vais pas vouloir être un homme solitaire. Si je suis un homme solitaire, je ne ressemble pas à Dieu. Et si je ne ressemble pas à Dieu, il ne sera pas question pour moi de partager sa vie éternellement. C’est ce que l’on appelle le péché : ne pas ressembler à Dieu, ne pas tendre à devenir ce qu’il est, don et accueil.
Si Dieu n’est qu’amour, …
il est pauvre, dépendant, humble. Au premier abord, cela paraît impossible et pourtant, il y a une phrase du Christ qui domine tout, il s’agit de la prendre au sérieux ! Quand je vois Jésus agenouillé aux pieds des apôtres avec un ligne autour des reins et occupé à leur laver les pieds, c’est à ce moment-là que je l’entends dire :
« Qui me voit, voit le Père »,
c’est-à-dire :
« Qui me voit, voit Dieu » (Jn 14, 9).
Certes le paradoxe est très fort et nous sentirons peut-être notre raison chanceler et vaciller, mais je n’y peux rien. Dieu ne se révèle pas à nous comme l’Etre Infini. Le Dieu en qui nous croyons n’est pas le Dieu des philosophes, d’Aristote ou de Platon, il est le Dieu révélé par Jésus-Christ.
François Varillon, extraits de ses conférences
cf « Joie de croire, joie de vivre », p. 28