En classe : prière et catéchisme
En classe juifs et musulmans assistent respectueusement à la prière faite par les chrétiens. Quant au catéchisme baptisé « leçon de morale » : tous y participaient plus ou moins. N’étaient enseignées que les vérités communes à tous.
Cette indépendance complète de programme scolaire ne pouvait durer. En 1924, un pope vient donner régulièrement l’instruction religieuse aux Orthodoxes.
Puis le gouvernement serbe exige l’enseignement de la langue nationale dans toutes les classes. C’est normal ! Il nous envoie des professeurs plus ou moins qualifiés. Le premier est un ancien maquignon. Un Frère assiste à ses cours pour maintenir la discipline. Peu à peu Frère Albert [Pfleger] et Frère Hilaire [Détraz] connaissent assez le serbe pour faire travailler les élèves pour qui le serbe est une langue étrangère…
L’esprit de l’école
Alors qu’en ville les minorités se détestent , à l’école des Frères les élèves fraternisent. Les bagarres entre eux sont rares. Il arrive même qu’en pleine rue nos grands élèves, bras dessus-bras dessous, chantent des chansons françaises, ne fut-ce que pour narguer les Serbes, ce que nous ne pouvions approuver…
En excursion
Les gens du pays ne se hasardent guère dans les montagnes des environs par peur des Comitadjis. Les Frères, par contre, explorent toute la région jusqu’à la frontière albanaise…
Lorsqu’ils projettent une excursion, les élèves se sentent en sécurité. Alors , même des camarades d’autres écoles se joignent à eux.
Frère Clémentien, croque-mort
L’armée française de Franchet d’Espérey et celle des Serbes ont libéré les Balkans non sans subir de grosses pertes en vies humaines. Le cimetière français de Bitolj [Monastir] compte plus de 7.000 tombes…
En 1921-22, une commission est venue exhumer le corps de ceux qui , à travers le pays, ont été enterrés sur place. Fr. Clémentien découvre dans ses promenades bien des tombes délaissées, oubliées. Il devient un précieux guide pour cette commission chargée de regrouper nos morts.
Ce fut un travail de longs mois. Aucune récompense n’a reconnu tant de dévouement du Frère, qui, après avoir passé la guerre au front …
Fr Albert Pfleger
Extrait des Mémoires de Fr. Hilaire Détraz, (1980)