H. Détraz : origine de l’école mariste à Monastir

1905 – 1919 : origine et débuts de l’école mariste à Monastir (aujourd’hui Bitolj)

1905 – 1919 : origine et débuts de l’école mariste à Monastir (aujourd’hui Bitolj)

L’école a été prise en charge en 1905 par les Frères. A cette époque , la Turquie était alors puissance occupante. Monastir était le Centre administratif et militaire d’où un grand nombre d’employés, de fonctionnaires et de soldats turcs.
Elle comptait, en outre, un groupe important de Macédoniens d’origine et de langue bulgares, des Grecs, des Juifs, des Albanais Et même des Roumains ; mais il y avait peu de Serbes et encore moins de Catholiques.

Comment justifier la présence de cette école ?

Comment alors justifier la présence , dans un milieu hétérogène, d’une école française, dirigée par des Religieux !

Pour le comprendre , il faut remonter à François 1er, roi de France (1494-1547) Ce Prince dont le territoire était ceinturé de tous côtés par le puissant Empereur germanique , Charles-Quint, fit alliance avec les protestants de l’Est et les Ottomans du Sud.
En retour le Sultan lui offrit la protection des Chrétiens de son vaste empire par un accord qui porta le nom de « Capitulations » . Il fut respecté jusqu’au Traité de Lausanne (1923) qui le supprima alors définitivement.

Parmi les Ordres religieux qui s’implantèrent au Moyen Orient, les Lazaristes , dont la côte à la Cour était privilégiée, furent les principaux mandataires de l’influence française.
Forts de l’appui de la France et de la neutralité de la Porte, ils avaient établi de nombreuses missions dans les principaux centres de l’Empire Ottoman : Constantinople, Smyrne, Adana, Beyrouth, Salonique, Monastir et autres.
En 1900, c’était Mr Lobry, le Supérieur des Lazaristes, qui incarnait le prestige et la tutelle de la France.

Le dispensaire et l’école française de Monastir

A Monastir, il avait installé un dispensaire confié aux Filles de la Charité et une école française avec un personnel laïque mais sous direction du Supérieur de la Mission.

D’après une relation parue dans le Bulletin de l’Institut de 1915, cette école remonterait à l’année 1875. Elle était à son apogée en 1890 avec 7O élèves. Mais en 1900, elle végétait et risquait la fermeture .Monsieur Lobry voulut la relancer en la confiant aux frères.

En 1905 donc, l’Ecole comptait une soixantaine d’élèves répartis en deux classes situées dans une vieille maison à un étage. La charge nous en fut confiée cette année-là ; le premier Directeur fut le frère Jérôme Robin ; il avait emmené avec lui une équipe de quelques Frères. Sous cette nouvelle et vigoureuse impulsion , l’école eut vite fait de doubler le nombre d’élèves si bien qu’il fallut songer à bâtir.

Les Supérieurs des Lazaristes n’hésitèrent pas à construire une assez vaste batisse avec préau au rez-de-chaussée et deux étages : l’un pour les classes et l’autre pour le logement des Frères . L’ancienne maison servit d’annexe pour les différents services : cuisine, réfectoire, parloir, atelier. Plus tard, on y installa trois classes pour les cours supérieurs. En 1912, l’école comptait près de 200 élèves.

Pendant la 1re guerre balkanique et la guerre de 14/18

Pendant 1re la guerre balkanique (1912-1913) les Serbes firent le siège de Bitola (nom bulgare). Toutes les écoles de la ville fermèrent leurs portes sauf la nôtre qui fonctionna sans interruption. Mais à la déclaration de guerre de 1914, tout le personnel enseignant français fut mobilisé et les cours furent suspendus quelques mois. Ils reprirent ensuite grâce aux Frères expulsés de Constantinople , la Turquie ayant rejoint le camp des Empires centraux.

Le calme ne fut pas de longue durée ; les Serbes résistèrent d’abord avec succès à la pression des armées Austro-Hongroises mais au printemps de 1915 les Bulgares se rangèrent aux côtés de l’Allemagne et de l’Autriche et attaquèrent la Serbie. Pris entre deux feux , les Serbes durent abandonner une lutte devenue trop inégale.
Refusant la capitulation, ils battirent en retraite sur l’Albanie et , dans des conditions épouvantables, réussirent par un hiver rigoureux à sauver une partie de leur armée. Celle-ci fut accueillie par la marine française qui la transporta soit à Corfou, soit à Bizerte où elle se remit de ses blessures.
Equipée de matériel français elle devait reprendre le combat sur le front de Salonique où elle contribua, pour une bonne part, à la percée du front en septembre 1918 sous commandement du Prince Alexandre, fils de Pierre 1er.
Les soldats Serbes qui furent hébergés, nourris et soignés à Bizerte gardèrent un souvenir et une reconnaissance touchantes à l’Amiral Guéperatte qui commandait la place.

Les Bulgares occupèrent Monastir jusqu’en 1916 où elle fut reprise par les alliés. Mais l’école reste fermée jusqu’en 1919. La ville fut d’ailleurs détruite aux trois quarts par les bombardements intensifs que les Austro-Hongrois lui infligèrent depuis les positions toutes proches de la ville d’où ils furent chassés seulement en sept-Octobre 1918.

Les batiments de l’école souffrirent beaucoup de ces bombardements et quant le Frère Frument Jérôme Fournier revint sur les lieux pour reprendre l’œuvre en 1919, il ne trouva debout que les quatre murs de l’école. Il fallut repartir à zéro ou presque. Ce n’était pas pour décourager cet auvergnat de bonne source qui , après de très graves blessures, fut déclaré inapte au service armé. Il fut alors versé au bureau de l’armement . Ses chefs appréciant sa compétence et son honnêteté lui confièrent la trésorerie de l’usine. A la fin de la guerre, ils essayèrent même de le retenir en lui offrant une bonne paye et une femme . Mais c’était un bon religieux et il préféra le service de Dieu à celui des hommes. Lire la suite ?

Fr. Hilaire Détraz, extraits de ses Mémoires (1980)

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