En 1930, le C.F. Marie Damien Papillon, désigné pour présider le Retraite des Frères de Monastir, devait, en outre, remplir une mission délicate : étudier la possibilité de fermer l’école pour transférer le personnel enseignant à Belgrade où les PP. Assomptionnistes nous offrent la direction d’une école de garçons qui forment une annexe du pensionnat de jeunes filles dirigé par les Sœurs Oblates de l’Assomption.
Pour répondre au désir de qelques familles serbes ou européennes
C’est pour répondre au désir de qelques familles serbes ou européennes, amies du Pensionnat, que les Sœurs ont accepté d’ouvrir il y a trois ans cette annexe – garçons qui a connu dès les premiers jours un grand succès. Le nombre croissant des élèves ne permet plus de continuer dans les conditions du passé. L’école des garçons doit conquérir son autonomie en la confiant à un Institut religieux et les Assomptionnistes ont pensé à nous.
A la proposition de fermer l’école de Monastir, le Supérieur local des Pères Lazaristes , M. Brunetti, italien, ne parut pas s’émouvoir et ne demanda qu’être averti au plus tôt pour disposer de l’immeuble parce que, lui aussi, avait quelque projet en tête plus rémunérateur que l’école des garçons. La réaction viendra de Paris, du Supérieur Général, mais elle arrivera trop tard, les Frères seront déjà à Béograd [Belgrade].
« Si vous voulez venir, c’est maintenant … »
A premier point acquis : fermeture de Monastir, il fallait réaliser le second. Béograd est sur la route de Monastir à Budapest où le C.F. Marie Damien devait encore présider une Retraite. Il s’arrêta 48 heures, eut divers entretiens avec le P. Privat Bélard, supérieur , et tous roulèrent sur ce thème : cette année, vue la situation politique et les personnages qui sont au Ministère de l’Instruction publique, l’ouverture de l’école ne souffrira aucune difficulté ; je ne réponds de rien pour l’année prochaine. Il faudra toujours passer à travers les mailles ; les mailles sont grandes actuellement, si vous voulez venir, c’est maintenant, maintenant… Le Conseil Provincial , éclairé le mieux possible, comprit la situation et l’ouverture de Beograd fut décidée aussitôt par les Frères Paul Césaire Mesny, comme Directeur, secondé par les Frères Joseph Lucius Brunel, Jules Hilaire Detraz et Michel Marie Pelissier.
Toutes les prévisions du R.P. Bélard se réalisent. Les Frères louent une maison particulière pour eux-mêmes et, pendant un an encore, l’école fonctionnera dans ses locaux habituels laissés à notre disposition. D’ailleurs l’école, bien que transportée l’année suivante à quelque deux Kms du pensionnat des Sœurs, restera officiellement l’école de garçons du Pensionnat Ste Jeanne d’Arc jusqu’en 1932 où elle passera au nom des Frères Maristes.
Jusque-là toutes les circulaires et tous les Actes officiels seront adressés à la Supérieure, toujours directrice de l’école des garçons dont les Frères constituaient le personnel enseignant. Tout cela était du provisoire. Les élèves arriveront toujours plus nombreux, il fallait songer à l’avenir et- arriver à être chez soi le plus vite possible. La première condition était de s’assurer un terrain assez vaste et , autant que possible, dans le quartier où l’école s’était déjà assuré sa clientèle scolaire. Le R.P. Bélard, après bien des recherches, fixa son choix qui fut tout aussitôt le nôtre ; un beau terrain de 3500 m2 devint ainsi notre propriété.
En 1932, l’école atteint les 200 élèves. Il faut songer à construire.
Fr. Hilaire Détraz, extraits de ses Mémoires (1980)