Une inspection à l’école française de Bitolj (Monastir)

Des inspecteurs satisfaits. L’école est sauvée, du moins pour le moment.

Bien que les Serbes soient francophiles, leur Gouvernement voit d’un mauvais œil l’école de la mission catholique de Bitolj qui accueille la jeunesse réfractaire à l’influence serbe.

Un jour Belgrade envoie une Commission composée d’un inspecteur civil, d’un Général et de l’attaché culturel de l’Ambassade de France.
« On vous reproche, dit ce dernier au Directeur, de négliger la langue serbe et l’histoire de la Yougoslavie. »…

La Commission est introduite dans la classe du Frère Albert (Pfleger), classe correspondant au CE.2 – CM.1, les élèves ayant de 8 à 16 ans.

Ce qui attire l’attention du Général serbe, c’est un grand panneau avec les principales dates de l’histoire yougoslave . Et de demander :
« Vos élèves connaissent-ils toutes ces dates ?
« Veuillez les interroger , mon général. »
répond le Frère.

En bon Serbe, l’officier indique sur le panneau la fameuse date de 1389
Tous les élèves : Makédones, juifs et musulmans lèvent le doigt. En cinq petites phrases, l’interrogé raconte la bataille de Kossovopolje.
L’examen continue. Toutes les dates sont passées en revue. Les élèves répondent en français et sans hésitation , ce qui provoque l’admiration du Général.
« C’est très bien, dit le Général ; mais vos élèves pourraient-ils me répondre avec la même assurance en serbe ?
« Voyez vous-même ! »

Mêmes questions , mêmes réponses. Le Général félicite le frère et lui avoue que dans toute la Serbie il n’a rien vu de pareil !

Il faut dire que la mise en scène était plus ou moins du tape à l’œil. Sur chaque date , le Frère avait dicté quatre ou cinq phrases que les élèves devaient copier sur un cahier d’histoire, faute de livre, et apprendre par cœur. Même procédé pour le texte en serbe…

La réputation de l’école était sauvée , du moins momentanément.

Extrait des Mémoires de Fr. Hilaire Détraz, (1980)

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